L’humain va-t-il sortir de sa fosse septique ?

J’ai observé le monde du haut de nulle part. J’ai synthétisé tous les problèmes en un seul. C’est prétentieux et présomptueux. Le problème numéro un est que l’homme est conscient de son existence. Je suis endetté du doute à la Banque des francs. C’est ma principale erreur. Je ne pense pas que la vie ait vraiment un sens, et pendant ce temps, tout le monde en cherche absolument un, en grand sauveur du monde. Uniquement pour donner du crédit à sa présence ici. Quitte à faire n’importe quoi, par n’importe quel moyen. C’est pour cela qu’il finira par crever la gueule flottant dans l’Univers. Avoir l’impression de voyager dans un monde en constante destruction, de toute part, est fatiguant, j’aimerais me mettre en pause. Cela reviendrait à devenir comme les cons qui restent statiques et se complaisent dans leur petite vie au calme, je ne suis pas de ce genre.

Je ne sais pas trop ce que les gens cherchent à se prouver en effectuant des emplois dénués de sens au lieu d’essayer d’être des meilleurs humains. J’en suis, comme tous. L’esclavage existe toujours, nos colons esclavagistes sont des chiffres virtuels sur des comptes bancaires. Chacun cherche à se comparer la bite dans ce monde de con-pétition et finalement, personne ne comprend rien, ne veut plus se construire, sauf au détriment, parfois inconscient, d’autrui. Mon évolution se fait en constatant la chute du genre, du haut d’un tas de bouse, comme un pigeon en pleine crise cardiaque, gavé de bouffe de fast-food et d’hydrocarbure dans les poumons.

Les gens changent de vie plus vite que je change de chemise. J’en suis le triste témoin, tout se barre. Les relations s’idéalisent en deux secondes et s’écrasent sur des pals plus vite que je ne tweete. Elles se terminent en un éclair jusqu’au prochain coup de foudre sur Instagram. Ce sont des fous qui courent avec des bandeaux pour défoncer une piñata vide. Il faut garder son réseau sociable, l’humain est en phase terminale, terminé.

J’ai longtemps rêvé de sortir du système global. Mon sens du réel m’a crucifié à la raison. C’est un peu tard, je suis désormais cloué à un confort collectif, cliché de la consommation. Je m’y plais finalement, même si parfois, j’ai la nausée à cause d’une gestation d’idées utopistes générées dans mon enfance, par moi-même. Au réveil, c’est l’amertume au bord des lèvres.

J’observe ces schémas comme un clébard que l’on vient d’abandonner au bord de la route un 14 juillet. J’imagine que la vie, c’est du pur branlage de bite, sans hédonisme pour préserver sa santé mentale et physique. J’attendrais que la SPA vienne me ramasser, en attendant de me faire piquer. Même si je cours vite, je vais me faire rattraper.

Je ne sais pas si je suis en train d’enterrer le rêveur qui est en moi, je n’en suis pas certain. Je ne suis pas de la mauvaise graine et je n’ai pas les pouces verts, rien ne poussera sur le restant de mes idées, vous non plus, qui vous écoutera ? J’échangerai bien mon salaire contre mon innocence d’antan, j’en avais rien à foutre d’être. Je suis un adulte sympathique, les gens m’aiment bien, peut-être parce que je suis réaliste et dans l’entre-deux : pessimiste et optimiste à la fois. Je suis une balise au milieu de la mer, les naufragés sont heureux de me trouver. Je suis content d’être utile et de pouvoir aider. Sauf que j’ai trop souvent l’impression de parler à des murs qui n’ont que des idées nuageuses et rien de concret à préparer. Je parle à mon miroir, à du vent, aux bornes sur le bord d’une route déserte.

Les pulsions et les instincts sont présents partout et pour rien. J’évite, je ne veux pas perdre d’énergie, je ne peux arrêter un missile lancé par un Nord-Coréen. Quand je suis au travail, je jette un regard par la fenêtre pour vérifier que le ciel ne rougeoie pas, je ne veux pas mourir comme un robot en face de mon ordinateur, tout ça pour rien.

Les comportements égoïstes me déçoivent. Je suis altruiste, mes envies passent après le bonheur de mes proches et je suis heureux quand mon entourage est épanoui. C’est en décalage avec nos générations matérialistes et conformistes, toujours heureuses de montrer ce qu’elles ont acquis, jusqu’à leur certificat de décès. Je serre trop souvent les dents pour ne pas leur dire qu’ils se plantent. Je me dégonfle avant de les égorger avec un surin mental, de les confronter à eux-même, ils savent et se voilent la face. Ils ne changeront pas, les humains aiment s’écouter parler et se crasher la gueule au milieu des plaines et des plaintes futures.

Les hommes trompent leur femme et l’humain l’ennui. Les enfants jouent avec des rats morts et se prennent pour des adultes de 10 ans. Combien seront désabusés une fois majeurs, quand ils constateront que leur héritage est un bidon d’huile frelatée et des idéaux ratés ?

Je ne pense pas que l’on puisse se sauver de tout ça, même avec des fusées ou un radeau. Se contenter des plaisirs simples de la vie est la meilleure option. Hélas, j’ai toujours tendance à penser que c’est difficile, il y a toujours des éléments parasites qui se collent à nos cerveaux.

Alors, tous les jours, je me pose cette question : “Quand est-ce que l’humain va se sortir de sa fosse septique ?”

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Busta Ja
Busta Ja
J'aime beaucoup l'absurde, les chips, le rap et les cloportes. Je suis titulaire d'un doctorat en bière. Areligieux, je milite pour la liberté de parole et la recrudescence du trash. J'observe le monde du haut de rien du tout. Memento Mori.