Le stage, cette porte d’entrée vers l’entreprise

Quand un étudiant suit son cursus, il doit aussi faire des stages pour pouvoir valider son année, comprendre ce qu’il devra concrètement apporter à une entreprise et appliquer ses connaissances. Parfois, c’est constructif et réalisable, parfois, c’est l’inverse.

Étant issu d’une filière universitaire professionnelle, j’ai pu réaliser plusieurs stages conventionnés, pas toujours payés mais toujours formateurs, que ça soit professionnellement ou personnellement. Cela m’a permis de comprendre ce que voulait dire mon futur métier, et de dessiner la direction vers laquelle je désirais m’engager.

Le turfu !

Le turfu !

Pour ne pas rentrer dans le moule fatiguant et habituel, je vais éviter l’ordre chronologique. Ce n’est pas comme si c’était un passage obligé à chaque entretien, alors autant s’affranchir de cette méthodologie ici. Classons ces stages par intérêt, du plus gênant au plus sympa.

Société de service lambda

Stage de fin d’étude.

J’ai effectué mon stage de fin d’étude dans une société de service standard. Je devrais toucher 70% du SMIC à l’époque, et cumulé avec la bourse du CROUS, c’était plutôt confortable. En vivant chez ses parents, oui.

Je travaille actuellement dans ce genre de société, une ESN. C’est une possibilité logique pour la plupart des étudiants en informatique. Cela permet de se forger des expériences différentes, vu que vous allez être envoyé en mission, pour une durée plus ou moins longue. L’avantage, c’est qu’il y a une vraie diversité en terme de mission et de client. Tout dépend de la stratégie de votre direction. Pour être clair : certaines ESN ont surtout intérêt à placer un maximum de consultant pour gagner de l’argent. Cela, hélas, parfois au détriment des compétences de chacun. D’autres ESN sont nettement plus honnêtes et comptent avec les envies de ses consultants. 

J’ai eu la sensation de me faire totalement avoir durant ce stage, qui était le plus important, puisqu’il était le dernier, mon stage de fin d’étude. Une grosse pression, c’était mon passeport pour obtenir un travail par la suite et concrétiser mes rêves et envies.

Cela ne s’est pas passé comme je l’avais imaginé (ni comme on me l’avait vendu d’ailleurs, ce qui est à déplorer). Je me suis retrouvé à faire une semaine de formation en Java/J2EE (c’était un de mes objectifs), puis une semaine de recherche pour me trouver une mission. Finalement, ils m’ont proposé une mission à Haubourdin (soit un peu difficile d’accès de Dunkerque, là où j’habitais) pour une usine (je ne voulais pas faire de l’informatique industrielle) et basé sur des technologies MicroSoft (je voulais rester dans l’OpenSource). Rien pour plaire en somme.

“Tu verras, il y a beaucoup d’analyse”. Jeune et naïf, j’ai pensé que cet argument (le seul) était valable et allait être favorable pour la suite. Puis, en tant que simple stagiaire, on n’ose rien dire.

J’ai assumé, acceptant la mission mais cela m’a totalement desservi. Moralité, je me suis fait totalement flinguer et le pire, c’est que je n’ai jamais compris clairement la situation. Je suis l’un des rares de ma promotion a avoir déchanté. Les autres étaient généralement satisfaits et ont eu un CDI à la clé. Pas moi, on ne m’a même pas dit au revoir correctement. Cela m’a servi de leçon. Je ne me laisse plus marcher sur les pieds quand on parle de mon avenir et des missions sur lesquelles je pourrais intervenir.

Ce raté me vaudra de lutter au chômage pendant près de 9 mois et de sérieusement réfléchir à une éventuelle reconversion. Quand le nom de cette ESN me revient dans mes oreilles, cela me file de l’urticaire et de la tristesse. Cela reste ma grosse déception en terme de stage.

Atelier de retouche numérique

Stage de Licence

WTF ? De la retouche photo ? Mais t’es pas informaticien ?

Si, j’ai eu l’occasion de passer une année de Licence Professionnelle en Imagerie Numérique. Du coup, ce que j’étudiais, c’était la programmation 3D (OpenGL par exemple), certains logiciels de modélisation 3D (style Maya ou 3DSMAX) mais aussi de la programmation classique (orientée objet). Trouver un stage sur Lille dans ce domaine, c’est mission quasiment impossible.

J’ai trouvé, par je ne sais quel miracle, un atelier de retouche numérique pour faire mon stage et valider ma Licence Pro. Bon, cela n’était pas payé, mais j’étais content d’avoir un stage dans ma branche.

Par contre, ce que je n’avais pas pris en compte, c’est que les mecs qui y bossaient, ne faisaient que du PhotoShop. Un parc de machine Mac, quasiment pas de PC. Ok, je suis loin du milieu du développement pur. Mais après tout, j’étais dans le bon domaine et c’était à moi d’être force de proposition.

J’ai donc proposé un projet au chef du service : un outil de traitement de vidéo. Seul, j’ai réussi à développer un soft en C++, intégrant une librairie C OpenCV. J’avais carte blanche pour sortir un produit stable en moins de 10 semaines. Le truc tournait bien, tout le monde avait l’air satisfait. Et je validais mon année avec un projet que j’avais réalisé en autonomie technique.

J’ai eu l’occasion d’y rencontrer des gens bien (dédicace à mon pote iToine), l’ambiance était cool, le lieu sympathique. Bref, je garde un bon souvenir de cette époque.

Magasin de vêtements hip-hop

Stage de DUT

J’avais besoin de valider ma deuxième année de D.U.T par un stage en entreprise. C’était donc mon premier vrai stage. Déjà l’époque, les ESN avaient du mal à prendre des stagiaires de deuxième année. Elles préfèrent tabler sur des profils de quatrième et cinquième année, qui pourront éventuellement se faire embaucher suite à leur stage. C’est d’autant plus vrai maintenant.

Pour faire simple, je trainais très souvent dans un Hip-Hop Shop sur Dunkerque, le patron était un pote. Il voulait se montrer sur Internet et cela, de manière pas très chère. Cherchant un stage, je me suis proposé : lui aura son site vitrine et moi, je validerais mon année.

J’ai monté un site internet vitrine simple mais propre, avec un Frontoffice pour les internautes / Backoffice pour faire évoluer le site. J’avais respecté la charte graphique, ajouté des fonctions pour gérer les photos des produits en vente, modifier les contenus des pages, puis des autres trucs marrants : une playlist de sons / clips éditables. C’était plutôt correct comme produit.

Pour les férus de technique, à l’époque, oubliez les CMS et autres Frameworks. Les développements c’était en PHP4, pas d’objet et bien root. Bref, imaginez la souffrance.

Le jour de la soutenance, les personnes qui devaient juger le projet n’avaient pas compris le fond du stage et pensaient que je devais faire un site d’e-commerce. Elles étaient hors-sujet, il était juste prévu que je fasse un site vitrine. Seul, c’est déjà assez de boulot.

Je me suis fait saquer comme il faut, avec une note de 9 en stage. J’étais habillé en baggy et je me comportais vraiment de manière nonchalante. Encore maintenant, je pense qu’elles voulaient juste me “donner une leçon”. Un autre pote avait fait un stage dans une boîte de divertissement et avait passé ses journées à répondre au standard. C’est loin de l’informatique mais il a eu une meilleure note que moi. Forcément,  je considérais que la situation était totalement injuste.

J’étais joie : j’allais planter mes deux années de D.U.T. comme ça. J’ai remonté le point à la direction de mon IUT. Mon directeur de l’époque avait bien conscience de l’injustice, vu que mes notes étaient plus que correctes en cours. Il a décidé de me sauver et de rééquilibrer les notes pour passer de justesse.

J’ai adoré ce stage, j’ai appris à travailler en totale autonomie. Mais j’ai détesté la finalité.

(Merci Javaman)

Association

Stage de M1

En première année de Master, j’ai pu réaliser un stage intermédiaire. Nos enseignants étaient franchement sympathiques et nous redirigeaient les offres de stage issus de leurs contacts respectifs.

J’ai eu l’occasion de faire un stage de 10 semaine, sur Paris, rémunéré et défrayé. J’étais même logé sur place quelques jours par semaine, pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs. Ce fut extrêmement agréable, j’avais les utilisateurs principaux en direct, j’avais le choix technique de la plateforme à développer, je devais être force de proposition et j’étais en autonomie totale. C’était formateur.

Humpf hum.

Humpf hum.

De plus, j’ai pu rester un petit moment sur Paris, pour pas cher, c’est une expérience que je devais tenter pour cadrer ma vie future. À la fin du stage, j’ai fait quelques formations aux utilisateurs et ai senti que la plateforme était attendue et satisfaisante. Ce qui est toujours une bonne chose pour se sentir valorisé.

Le stage est formateur

L’image, cliché, du stagiaire qui va faire des photocopies et préparer le café est fausse. Les tâches ingrates existent, évidemment. Et chaque stagiaire passe par là, à faire des actions rébarbatives mais importantes pour le déroulement d’un projet. Je pense qu’un savant mélange entre tâches chiantes et travail gratifiant est essentiel dans une période de stage, et pour cause : ce sera également la même chose quand le stagiaire évoluera en salarié.

De plus, cela va forger le caractère de la personne, donner un bon aperçu de la réalité du marché (une image renvoyée par les enseignants est souvent trop utopique) et orienter son futur discours.

J'ai codé en C++ et je n'ai même pas vomi. Elle est belle, la vie.

J’ai codé en C++ et je n’ai même pas vomi. Elle est belle, la vie.

About the Author

Busta Ja
Busta Ja
J'aime beaucoup l'absurde, les chips, le rap et les cloportes. Je suis titulaire d'un doctorat en bière. Areligieux, je milite pour la liberté de parole et la recrudescence du trash. J'observe le monde du haut de rien du tout. Memento Mori.