L’Equipe se la joue solo

Né après la guerre pour succéder au journal l’Auto, à l’origine de la création du Tour de France (et selon la légende du maillot jaune, puisque le journal dirigé par Jacques Goddet était imprimé sur des pages jaunes au début du XXe siècle), le quotidien a rapidement pris une place importante dans le paysage des journaux français. Il a progressivement bu la concurrence, écrasant tout sur son passage, rachetant certains concurrents tout en poussant d’autres journaux sportifs à mettre clé sous la porte.

Depuis plus de cinquante ans, l’Equipe règne en maître et fait la pluie et le beau temps sur la diffusion des informations sportives auprès des lecteurs. Mais ce monopole n’est-il pas un frein à l’équité du traitement de l’information ?

En Europe, la presse sportive compte au moins deux grands quotidiens axés autour des pratiques physiques :

  • Marca et As en Espagne
  • O Jogo et A Bola au Portugal
  • La Gazzetta dello Sport, le Corriere dello Sport et Tuttosport en Italie
  • 4-4-2 et les cahiers sports de The Sun ou The Daily Mail au Royaume-Uni

Il n’y a vraiment qu’en France où un seul journal traite de toutes les informations sportives disponibles. Dans ce cas, difficile de trouver une totale impartialité dans l’information diffusée, tant sur la forme, où le football prend 80% des unes minimum alors que certains événements méritent bien plus d’être mis en avant (je pense notamment aux performances exceptionnelles de Martin Fourcade qui a survolé la saison de Biathlon et qui n’a obtenu qu’un petit encart en première page), où même un traitement différent de certains clubs selon les accointances des journalistes.

Je fais bien évidemment référence à la différence flagrante de traitement entre les deux équipes françaises de football, le Paris Saint-Germain et l’AS Monaco. Le premier nommé, fort d’une magnifique victoire 4-0 à domicile contre le FC Barcelone, n’était pas en une la veille de son match retour. C’est son adversaire qui était sur la couverture, avec un titre et un chapeau évocateur d’une possible remontée (ou remontada en espagnol) de l’équipe espagnole :

Le Barça gonflé, sûrement à cause des piqûres

Une semaine plus tard, c’est l’AS Monaco qui joue son match retour, après une défaite frustrante 3-5 en Angleterre (les Monégasques menaient 3-2 avant de se faire emporter par une vague bleue). Le traitement d’image est beaucoup plus positif, malgré un ballottage défavorable :

Les journalistes chercheraient-ils une naturalisation ?

Résultat des courses : Paris a subi la remontada tant attendue par les journalistes, tandis que Monaco a su se qualifier contre Manchester City. Bien évidemment, ce n’est pas le journal qui a éliminé le PSG et qualifié Monaco. Malgré tout, la différence de traitement des deux équipes montre une certaine partialité qui ne serait sûrement pas possible si un second quotidien parvenait à se faire une place au soleil. Encore faudrait-il ne pas subir le même funeste sort que le 10 Sport, évincé de la scène d’une façon peu orthodoxe par l’Equipe

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Guillaume R
Foot, humour, bière, potes, saucisson. Un bon résumé de ce qu'on attend de la vie. Je ne veux pas me prendre la tête, juste des cuites.