Russie : Des tatouages pour aider les femmes battues!

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Souvenez-vous, c’était le 7 février 2017 ! En Russie, une loi a été promulguée par le président Vladimir Poutine. Une loi visant à alléger les peines pour les violences commises au sein du cercle familial.

Adoptée à une écrasante majorité par les députés russes à la fin janvier (385 voix pour et seulement 2 contre). Une loi plébiscitée par le pouvoir et l’église orthodoxe. Le pouvoir fait ainsi trois pas en arrière en dépénalisant complètement la violence et en retirant aux victimes leur seul mécanisme de protection.

 

Cette loi a suscité de nombreuses critiques des droits humains. Un collectif de femmes a appelé à une manifestation, le 4 février, dans le quartier nord de Moscou. Leur précédente tentative de rassemblement, sur la place Bolotnaïa (lieu de rassemblement des grands défilés de protestation contre la réélection de Vladimir Poutine durant l’hiver 2011/2012) s’est heurtée à un refus affirmant qu’il n’y avait pas de place pour 1000 personnes. Des femmes qui n’avaient donc ni le choix ni la possibilité de se battre pour leurs droits.

Selon l’agence nationale des statistiques, près de 50 000 affaires de violences domestiques ont été recensées en 2015, dont 36 000 impliquant des violences contre les femmes. Sans oublier les 8 000 femmes mortes sous les coups de leur compagnon en 2015, affirme l’association ANNA qui vient en aide aux femmes victimes de violences.

Elles sont plusieurs à se battre ! Zhenya Zakhar, est l’une d’entre elles. Cette artiste tatoueuse de 33 ans propose à ces victimes une séance de tatouage gratuite chaque lundi dans son studio.

 

Comment faire de l’ART un travail politique ?

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C’est dans un petit sous-sol d’Oufa, capitale de la république russe du Bachkortostan au centre de la Russie, que cette artiste a installé son studio de tatouage.

 

Ses services sont de la création artistique. Son but est de réparer les corps et les esprits de ces femmes victimes de violences. Elles sont de plus en plus nombreuses à se faire tatouer par Zhenya Zakhar, une façon pour elles de cacher leurs blessures, un moyen d’expression et de dire stop à cette loi, c’est un combat politique, un combat humain. Qui inspire de plus en plus de femmes dans le monde.

Zhenya Zakhar explique en quoi consiste son projet : “Chaque lundi, les femmes peuvent venir dans mon studio pour être tatouées. Quand elles arrivent, elles sont souvent complexées en raison de leurs cicatrices, qu’elles trouvent laides, même si elles sont parfois très petites. Nous choisissons ensemble le motif du tatouage. Le plus souvent, je dessine des fleurs ou des papillons, c’est-à-dire quelque chose de doux et de féminin, à l’image des femmes que je reçois. Une fois, on m’a également demandé de dessiner une licorne.

Une fois le tatouage réalisé, les femmes pleurent souvent en voyant le résultat. Mais ce sont des larmes de bonheur, puisque leurs cicatrices ne sont plus visibles. Du coup, elles n’ont plus honte de leur corps et repartent transformées. Cela leur permet d’oublier le passé.

J’ai déjà réalisé 200 tatouages environ. À l’avenir, j’aimerais également me rendre dans différentes villes du pays à moto, avec mon compagnon, qui travaille avec moi, pour proposer nos services à toutes les femmes qui n’ont pas assez d’argent pour venir à Oufa. »

Pour écouter un autre témoignage : https://www.franceinter.fr/emissions/l-esprit-d-initiative/l-esprit-d-initiative-28-septembre-2017?xtmc=tatouage_pour_aider_les_femmes_battues&xtnp=1&xtcr=5