En quoi l’annulation de la braderie n’est pas si grave

“Oh mon Dieu, les enfoirés, ils ont annulé la braderie” et snif, et snif, nous sommes tristes. Heureusement, Martine avait prévu de rattraper le coup avec d’autres animations en remplacement de la braderie. Soyons honnêtes, j’adore la braderie mais cette annulation n’est pas si grave.

Suite à cette intro, j'imagine les pro-braderies comme cecii.

Suite à cette intro, j’imagine les pro-braderies comme ceci.

Et pourquoi ?

Lillois d’adoption depuis 2011, je ne peux pas me pointer en puriste de la braderie de Lille. Par contre, je suis assez bon pour écouter et pour observer. Je peux dire, sans sourciller, qu’entre la première braderie à laquelle j’ai participé (2011 donc) et la dernière, oui, il y a eu du changement. Et vraiment, pas du bon.

Une braderie ou un marché ?

Quand je fais la braderie de Lille, je me lève vers 6h du matin, je fonce à la Citadelle pour chiner, puis dans le vieux Lille. Là, il y a pas mal d’amateurs et l’authenticité de la brocante est présente. Mon délire est de trouver un objet à la con estampillé “Jupiler” (parce que ça désaltère !). Mais aussi, éventuellement, des verres à bière, des vieux jeux, des figurines de dessin animé, etc.

Seau à glaçons Jupiler : check. Objectif atteint.

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Je marche, avec mes potes, on prend un petit déj sur le pouce, on délire, ma nana cherche des trucs “vintage” et les kilomètres défilent, en s’amusant. Vers 11h30, c’est l’heure… de la Jupiler, bien sûr.

Aparté sur les moules : celles que vous pouvez manger durant ce week-end ne sont pas les meilleures moules de la Terre. Tout le monde en bouffe parce que c’est “la tradition”. Si vous voulez manger des vraies moules, allez sur le littoral, c’est plus intelligent ! Pour compléter l’anecdote “moule”, je n’en mange plus depuis qu’un plat de moules marinières m’ait foutu au tapis il y a quelques années. C’était à la braderie, j’ai dégueulé rue Massena, le samedi à 15h. Les gens pensaient que j’étais beurré, mais non, ces moules à la con n’étaient probablement pas fraîches. Week-end au lit, flingué, la joie.

Pour revenir à nos moutons, après un bon repas, ça zone sur Lille. Là, c’est le drame. A part du côté de Jean-Baptiste Lebas, la plupart des rues de Lille est envahie de stands de professionnels, vendant tout et n’importe quoi. Un gros marché, ce n’est pas très agréable. Personnellement, j’évite ces zones, sauf si vraiment je dois passer par là. Parce que ça me gonfle, ça piétine, les gens galèrent, il y a des poussettes et ça n’avance pas pour regarder des vendeurs de chapeaux péruviens dégueulasses. Non, merci, très peu pour moi.

Encore une excuse pour picoler.

C’est un fait, sur Lille, tout le monde aime la fête et boire un verre (ou 12). Toute festivité “sponsorisée” par la municipalité est une belle excuse pour certains de se mettre la tête à l’envers, presque parce que “tout le monde le fait”. C’est totalement con. Vous pouvez constater cela également durant la fête de la soupe à Wazemmes (qui est plutôt devenue la fête de la Tripel Karmeliet avec le temps ahah). J’ai déjà entendu des personnes me dire “Bah comment on va faire pour picoler et faire la fête ?” Vraiment ?

Cet argument est totalement bidon d’ailleurs. Pour constater cela, il vous suffit d’aller sur Solfé/Masséna, pour croiser des tas d’humains bourrés. En temps normal, c’est déjà un bordel sans nom. Avec la braderie, il y a vraiment beaucoup de monde, c’est un cirque permanent. Ceci s’explique, on doit ajouter une masse de population particulière : ceux qui ne font la fête que trois fois dans l’année (Braderie, Nouvel An et un enterrement de vie de garçon lambda en cours d’année).

Ce qui me rassure, c’est que ce genre de réflexion n’est pas issu de mon entourage. Et heureusement !

Ce trop plein de touristes tue l’âme initiale ?

C’est un peu le point que Martine a plus ou moins sous entendu lors de ses conférences de presse pour annoncer l’annulation et les plans à venir pour revoir l’organisation de la braderie.

La braderie brasse deux millions de personnes chaque année. C’est énorme. Il y a beaucoup de touristes, ce qui est bien pour la ville et l’économie. Mais peut-être pas pour que cela reste authentique. Étant Dunkerquois, je peux vous dire qu’il y a le même problème avec le Carnaval de Dunkerque : certaines personnes ne sont pas de Dunkerque et débarquent, déguisées, se torchent parfois la gueule vite fait et finissent par agir comme des connards. Sauf qu’il y a des règles, il faut les respecter.

Je ne pense pas me tromper mais je suppose que les médias ont franchement facilité la tâche à transformer nos fêtes régionales en “grosses beuveries de beaufs”, à faire croire que c’était tolérable. C’est faux. Et j’ai l’impression que la braderie a subi le même genre de traitement de la part des médias.

Le Nord est une région pauvre mais avec beaucoup de culture et de respect des traditions, il faudrait peut-être que tout le monde se le dise une fois pour toute.

La refonte de la braderie

Martine a raison : une refonte de la braderie est une bonne idée. Il faudrait privilégier les brocanteurs et éviter que les professionnels transforment la ville en marché géant. C’est inutile, il existe des marchés toute l’année.

Du coup, logiquement, il sera facile de limiter les secteurs de braderie à quelques endroits qui entrent dans le cadre du point précédent : La Citadelle, le Vieux Lille, JB Lebas… Le reste des quartiers pourraient être plus facilement “sécurisables” (parce que c’est bien pour cela que la braderie est annulée cette année) et il sera probablement plus facile de faire des contrôles sur les brocanteurs amateurs.

Mon dernier point de vieux con, c’est d’avoir une surveillance accrue de Solfé / Masséna. Ces rues deviennent une zone horrible entre 3h et 5h du matin. Cela pourrait éviter le lot d’agressions sur les petits jeunes bourrés qui déambulent en sortie de bar et de boîte. Je dirais même que cela devrait être le cas toute l’année !

Alors Martine, t’es chiche ?

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Busta Ja
Busta Ja
J'aime beaucoup l'absurde, les chips, le rap et les cloportes. Je suis titulaire d'un doctorat en bière. Areligieux, je milite pour la liberté de parole et la recrudescence du trash. J'observe le monde du haut de rien du tout. Memento Mori.