La fidélité au bistrot

Le titre est un peu étrange mais il est surtout trompeur.

Je ne sais plus dire quand j’ai commencé à zoner dans les bars, pas si tôt pour un mec de ma génération, finalement. Vers 18 ans, je pense. Pour boire du soft. 21 ou 22 pour l’alcool.

En réalité, c’est tout à fait faux. J’ai été élevé dans le café de ma grand-mère, mon parc trônait au milieu des clients. Je faisais des tours de parc comme un fou, tout le monde pensait probablement que j’étais stupide. Il faut dire que j’avais 2 ou 3 ans, ça n’aide pas à vérifier la logique de mon comportement. J’étais potentiellement nécessiteux de sortir de mon enclos, je voulais sortir. J’imagine.

J'imagine qu'on n'est pas loin de la vérité.

J’imagine qu’on n’est pas loin de la vérité.

Le café est un élément récurrent de ma jeunesse. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les papas vont boire un coup en famille ou entre potes et emmènent leurs enfants. L’ambiance est familiale, rien à voir avec des pochetronades que peuvent décrire certains médias merdiques, ancrant tout ça dans les clichés de la région. Les gens sont là pour échanger, discuter, c’est comme cela que cela se passe. Petit demi après un match de foot, dans un vieux bistrot, en famille. Ou à la buvette lors d’un tournoi, entre amis. Mine de rien, tout ceci m’a suivi inconsciemment une partie de ma vie. J’aime les bars, oui.

J’ai appris la concept de fidélité à ce moment-là. Être fidèle à un endroit, c’est important.

Pourquoi ?

L’ambiance est bonne, c’est un bon point

J’aime l’ambiance des cafés, des pubs, des bars. Quand je m’y sens bien accueilli, j’aime y rester. J’aime y revenir. Les décors, les gens, les interactions sociales et le contact avec le personnel sont des éléments primordiaux. Si je trouve que cela le fait, j’y retourne, c’est certain.

Personnellement, un endroit calme, pas bondé, tranquille, cela me va très bien. Avec de la bonne musique, sans mecs (trop) bourrés qui te renversent de la bière sur le jeans et qui ne s’excusent pas, sans michtonnes venues pour draguer et se faire payer des verres, sans serveurs impolis.

Allo ?

Sans parasites, en somme.

Après tout, si je vais dans un bar avec mes potes, ce n’est pas pour me bourrer la gueule, ni pour chercher la bagarre, ni pour draguer des pouffes. Tout ça est bien derrière moi. Quand je vais dans un bar avec mes potes, je veux pouvoir discuter et délirer avec mes potes. C’est bien là le principe. Si ça n’est pas possible à cause des éléments précédemment cités, forcément, ça ne marche pas.

Être (re)connu, c’est agréable

A force de côtoyer un endroit, il y a plusieurs possibilités. Si vous êtes discret, difficile de marquer les esprits, déso, pas déso. Avec ma clique, généralement, nous ne passons pas inaperçus. Bon, cela fait “type qui se la joue”, certes, mais c’est un fait. Si l’atmosphère est propice, nous tissons rapidement des liens avec un staff de bistrot bien cool et/ou un patron qui a compris qu’on n’était pas là pour partager une menthe à l’eau avec 5 potes et squatter la terrasse pendant 2h30 (vous situez bien le genre).

Exemple classique : ces FDP n'ont pas de verre alors qu'ils squattent la terrasse. Bande de vermines !

Exemple classique : ces jeunes dépravés n’ont pas de verre alors qu’ils squattent la terrasse. Bande de vermines !

Avec des arguments tels quels que “ça consomme”, “les types sont peace”, “ils sont fun” et “ils sont fidèles”, même après quelques mois sans passage, on se rappelle de nous. Cela nous fait plaisir. Le but n’étant pas de se faire offrir des consommations, ce n’est pas de le genre de la maison, mais bien d’être reconnu et respecté. J’aime l’idée de ne pas être un simple client de passage.

La stabilité par le bar, c’est bon signe

Faire une tournée des bars ou virevolter de bar en bar, c’est devenu un événement rare et, il faut le dire, cela me gave. Déjà, bouger d’un bar, c’est devenu pénible pour moi. Pas que je sois devenu (tout à fait) un vieux con, mais j’ai changé. Après tout, si je me sens bien à un instant, pourquoi changer d’endroit pour la soirée et me retrouver à devoir siroter ma bière debout parce qu’il n’y a pas de place disponible ? Bouger pour bouger ? Ah non merci, la raison n’est pas valable. La plupart du temps, si je change de bar en cours de soirée, c’est pour faire plaisir, pas pour moi. Ou parce qu’un truc m’a ennuyé. Et, finalement, après le mouvement, quand je me retrouve debout à galérer avec ma boisson, entouré de personnes déjà bourrées, par exemple, je regrette d’avoir cédé.

Qu'est-ce que je fous là ? MERDE !

Qu’est-ce que je fous là ? MERDE !

Mes potes plus jeunes ou célibataires iront plutôt dans des endroits où il y a du monde et c’est logique, normal. Enfin, c’est valable pour une partie de ma clique. Ils fréquentent des pubs, des boîtes de nuit, des endroits à la mode, avec du brassage. Ils ont besoin de voir des nouvelles têtes, de bouger, de sortir, de choper de la go. Je n’ai plus rien à faire de cela : j’ai déjà ma nana, et mes potes me conviennent très bien. J’ai juste envie de passer ma soirée à discuter de tout et de rien avec eux, dans un endroit posé.

Conclusion

C’est bien de fréquenter souvent un endroit, les gens se souviennent de toi et surtout, cela permet de se sentir bien, “chez soi”.

About the Author

Busta Ja
Busta Ja
J'aime beaucoup l'absurde, les chips, le rap et les cloportes. Je suis titulaire d'un doctorat en bière. Areligieux, je milite pour la liberté de parole et la recrudescence du trash. J'observe le monde du haut de rien du tout. Memento Mori.