Les adaptations de BD au cinéma

Il y a quelques jours, la nouvelle est tombée. Une sale nouvelle, triste. Des gens avaient encore décidé de pisser sur un monument de la bande dessinée Belge : Gaston.

Il faut le dire, les adaptations des grandes BD classiques en film ont rarement été des chefs-d’œuvre. Au mieux, c’est passable, au pire une insulte à l’œuvre originale. Et en tant qu’amateur de BD franco-belge, cela m’irrite au plus haut point.

Le dessin et la réalité, presque opposés

De manière très générale, l’univers de la BD est particulier. Cela reste des dessins, du texte dans des bulles et des situations. Ce n’est pas un roman. Ce n’est pas un album photo non plus. Ce sont des dessins. Des dessins avec des personnages, qui vivent des aventures. Jusque là, rien de complexe. Sauf que transposer ces univers en film live, avec de vrais acteurs, dans un décor réaliste, c’est compliqué. C’est même totalement casse-gueule.

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Quand on me parle d’adaptation de BD.

Plus jeune, nous n’avions jamais pensé que cela puisse exister “en vrai”. La BD ne laisse pas beaucoup de place à l’imagination. Du coup, toute tentative part déjà mal. Pour la plupart des fans de Bande Dessinée, il faut garder tout ça bien en tête.

La Bande Dessinée adaptée en film live, c’est non

J’aime prendre l’exemple de Tintin pour appuyer mes doutes sur les adaptations BD au cinéma. C’est un exemple historique, et pour cause : il fut le premier héros de BD à être porté sur grand écran. Tintin n’est pas mon héros préféré (j’ai appris à me détacher des personnages très lisses comme Tintin avec mes lectures de BD type Dingodossiers ou Groening), cependant, c’est une institution. Dans les années 60, deux films sont tournés, avec de vrais acteurs : Tintin et le Mystère de La Toison d’or et Tintin et les Oranges bleues. Ce fut deux navets. Tintin n’a plus jamais été interprété par un acteur réel. Et c’est plutôt rassurant.

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Après avoir vu les films live de Tintin.

Par contre, les dessins animés et le dernier film d’animation sont vraiment très bien. Et cela s’explique simplement : les dégaines de Tintin, de Tournesol ou de Haddock sont caricaturales, donc facile à transposer en dessin animé et, avec un peu de réflexion, en image de synthèse. Personne n’imagine Tintin en être réel, ou alors c’est très fantasmé. Et bizarre.

Petit exercice : il faut trouver un chef-d’œuvre dans les adaptations de cette liste (bon courage)

https://www.senscritique.com/liste/Les_films_tires_de_BD_franco_belge/181031

Réponse : Pas beaucoup, voire pas du tout.

Et maintenant, Gaston (encore).

Mes potes Narcow et Tarma étaient sur le cul (et ont failli vomir) à l’annonce du nouveau film avec Gaston Lagaffe. Et Narcow m’a expliqué que ça n’était pas la première fois que le personnage allait être adapté. Je ne savais pas, mais un film avait été réalisé en 1981 !

Je vous laisse juger de la catastrophe.

Je suis sans mot. Ce truc indigeste a été réalisé par Boujenah (ce qui le classe en bonne position dans ma liste des personnalités à chier en France, pas loin de Kev Adams, finalement). C’est honteux. C’était tellement pourri que la licence de Gaston a été retirée avant lancement, parce que Franquin a eu son mot à dire. Et heureusement.

Et après ça, de manière perfide, pour faire du fric, quelqu’un ose encore toucher à ce héros-monument de Franquin ! Cela me rend triste et en colère. Le respect est mort.

Franquin n’a pas terminé de broyer du noir dans sa tombe…

Le choix des acteurs est horrible pour la version qui arrive : Théo Fernandez en Gaston (c’est Donald des Tuches), Alison Wheelers en Mademoiselle Jeanne (une youtubeuse un peu chiante), PEF en Prunelle (et réalisateur) et Jérôme Commandeur en Monsieur de Mesmaeker (WTF !!!). PEF a déjà tué la BD “Les Profs” au cinéma (en collaboration avec Kev Adams, encore lui), mais bon, ça n’est pas une BD du niveau de Gaston. Là, c’est sensible, c’est une légende, un héros que tout le monde connaît. Il y a un manque de réalisme évidemment.

Et pour argumenter, voici pourquoi Gaston ne devrait jamais être adapté en film live :

  • Gaston est un personnage marrant mais pas assez vif pour être adapté en film sous peine d’avoir un rythme lent, mou et chiant. En BD, ça marche. En film, non.
  • L’univers de Gaston est très caricatural, et donc impossible à jouer. Je peux prendre d’ores et déjà les paris : tout le monde va surjouer son personnage ! Et c’est un pari presque gagné d’avance, vu que c’est PEF à la réal.
  • Gaston, ça n’est pas de vraies aventures. Cela se passe dans un univers réduit, souvent dans un bureau, et à la limite, tout peut se passer dans une pièce. Ce sont des gags. Les histoires sont courtes (on est généralement sur des gags en demi-planche, et pour cause : Gaston est initialement un bouche-trou). Je vois mal le rapport avec un long-métrage.

Arrêtez avec Gaston ! Et le reste de la BD franco-belge.

Pour conclure, le nombre de bouse issue de l’univers est impressionnant. Récemment, il y a eu Boule et Bill, qui est un cas d’école : avec Franck “relou” Dubosc, Marina “Qu’est-ce que je fous là” Foïs et un gamin qui est censé interpréter Boule ! Wait, wat ? Les chargés de casting ont-ils déjà lu la BD une fois ? Humpf.

Dans le genre bien mauvais, Il y a eu des tentatives avec Lucky Luke et les Daltons. Rien de bon, c’est même à vomir. Pauvre Morris

Et à venir : Spirou, le Petit Spirou, et j’ai peur du reste. Manquerait plus que le Concombre masqué soit adapté et là, je porte plainte.

Le fric et le business ont souvent raison sur la qualité et le respect dans l’adaptation d’œuvres cultes. Les exécutions sont réalisées par des gens qui ne maîtrisent pas leur sujet, et cela se voit. C’était déjà le cas avec les adaptations de jeux vidéo, avec un bon nombre de romans. Ok, l’exercice n’est pas facile, c’est clair, mais parfois, c’est évitable : il ne faut pas adapter. Pour la plupart des BD, je pense que c’est évident. Au final, si c’est pour nous servir de la merde, c’est préférable de s’abstenir.

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Busta Ja
Busta Ja
J'aime beaucoup l'absurde, les chips, le rap et les cloportes. Je suis titulaire d'un doctorat en bière. Areligieux, je milite pour la liberté de parole et la recrudescence du trash. J'observe le monde du haut de rien du tout. Memento Mori.