STREET GENERATION (S)

STREET GÉNÉRATION (S)

40 ans d’art urbain

Exposition du 31 mars au 18 Juin 2017 (Prolongation jusqu’au 9 Juillet)

La Condition Publique : Place Faidherbe, Roubaix

Tarifs : 5€ / gratuit pour les moins de 18 ans

Pour fêter les 40 ans d’art urbain, la Condition Publique vous invite à venir découvrir une magnifique exposition autour de ce thème.

Ok. Je vais découvrir cette exposition … 40 ans tout de même !

LE STREET ART C’EST QUOI ?

Le Street art est un art visuel développé dans les espaces publics. Le terme fait référence habituellement à l’art non-autorisé, non-conforme aux initiatives sponsorisées par un gouvernement.

HISTOIRE DE L’ART EN MARCHE :

Le Street art est une culture visuelle mondiale. Cette culture s’est propagée à travers le monde assurant aussi son constant renouvellement. Cette exposition nous le démontre.

Bien que ce soit un art qui s’est imposé assez tardivement, le mot lui même n’apparaît que dans les années 2000 pour décrire une pratique qui existait déjà depuis la fin des années 60.

LA GENÈSE DU MOUVEMENT (1960-1970) :

A la fin des années 60, ce n’est pas à New York, comme on le pense, que le graffiti trouve ses racines mais à Philadelphie.

L’histoire commence avec un jeune homme au pseudonyme de Cornbread, qui veut à l’époque s’attirer les faveurs d’une jeune fille.

Pour cela il peint sa signature à la bombe aérosol un peu partout.

Grâce à cela une sous culture embrase Philadelphie et de nombreux jeunes apposent aussi leur pseudonyme, leur tag.

Cependant, le stade relativement réduit de développement du réseau ferré empêche la propagation du phénomène au delà des immeubles de quartiers.

Alors que le mouvement s’essouffle à Philadelphie, c’est à New York dès 1969 que le développement et la densité du réseau du métro aident à l’explosion du phénomène.

C’est Julio 204 qui est parmi les premiers à taguer NY. Mais c’est Taki 183 (diminutif de son nom grec) qui est le premier à devenir célèbre dans la métropole grâce à son métier de coursier. Il traverse NY toute la journée ce qui lui permet de poser son tag en de nombreux lieux.  Et ainsi faire en sorte que cet art perdure.

L’EXPANSION MONDIALE (1980) :

« Le graffiti était l’une des plus belles choses que je n’ai jamais vues. Les gamins qui en étaient les auteurs étaient très jeunes et le fait qu’ils aient cette incroyable maîtrise du dessin m’a totalement bluffé. La seule technique de dessin à la bombe aérosol est étonnante parce que c’est incroyablement difficile à faire. Et la fluidité de la ligne, l’échelle, et toujours cette ligne noire qui liait tout cela ensemble ! C’est cette ligne qui m’obsédait depuis l’enfance ! »

Keith Haring, 1980

Kheirh Haring – Sans titre

Vous l’avez compris durant les années 80, les artistes travaillent leur style. Les graffeurs sont prêts à tout pour faire la plus belle pièce, celle qui sera visible et admirée de tous. Tout ceci avec une certaine dextérité et illégalité.

Cette forme d’expression qui, après avoir conquis New York, s’apprête à envahir le monde entier avec la même force.

De nombreux graffeurs abandonnent à l’orée des années 80 les trains pour peindre sur les murs.

Certains se perfectionnent sur leurs blackbooks en vue de réaliser leur pièce le jour J. D’autres travaillent de façon complémentaire sur toile ou tout autre support qui les inspire et leur permet de s’exprimer.

Rammellzee est l’un des artistes phare de cette période. Son style est parmi les plus développés et complexes du mouvement. Il commence à peindre des rames de métro.

Fortement impliqué dans le mouvement hip hop, il réalise même un disque Beat Bop, dont son ami Basquiat dessine la pochette et qui inspirera des générations de rappeurs. Il a l’une des démarches les plus poussées de sa génération.

Pour lui, la lettre devient un prétexte pour aller plus loin dans l’étude des signes et symboles, toutes cultures confondues. L’artiste définit son style d’ ”afrofuturisme” ou de “futurisme gothique”. il n’est pas le seul à se pencher sur la question des Afro-Américains dans la société : cette génération d’Américains est encore très marquée par la lutte des années 60 contre les lois ségrégationnistes en vigueur à l’époque.

Ce débordement artistique trouve peu à peu son public. Le succès est au rendez vous dès ces années 80. Des films comme Style Wars, et le prestigieux magazine “Art Forum” parlent de leur travail.

Nombre d’entre eux collaborent avec des artistes reconnus ou des musiciens renommés en réalisant leurs pochettes de disque. Et c’est ainsi que cet art a dépassé les frontières.

Ce sont très précisément les étés 1983 et 1984 qui marquent l’ouverture d’un dialogue artistique entre les Etats-Unis et l’Europe. Nombre de jeunes Européens font le voyage à New York et découvrent une ville recouverte de graffitis, exportant ainsi cet art.

A Paris, le premier à être identifié comme graffeur est Bando (né en 65 à Paris).

Les premiers pas du graffiti à Paris se retranchent dans les parties basses des quais de Seine. Peu de passage et beaucoup de murs constituent les conditions idéales pour les premiers graffeurs comme Bando et le crew de la Force Alpha.

Entre le Pont Neuf et celui de la Concorde s’écrivent les premières lignes françaises du mouvement.

L’AVÈNEMENT DU MESSAGE (1990) :

Alors que les années 80 ont vu l’émergence de la signature, les années 90 apportent une profondeur à l’expression des artistes urbains.

Nous avons été les témoins de l’évolution d’une signature réalisée en simple lettres majuscules à une signature plus formelle.

Certains remplacent la signature écrite par la représentation d’un visa.

Shepard Fairey alias Obey aux Etats Unis, et Zhang Dali en Chine, marquent les murs. L’un du portrait d’un obscur catcheur, en noir et blanc. L’autre de son propre profil exécuté d’un trait de peinture noire.

Cette nouvelle génération se distingue aussi par l’emploi de techniques autres que la bombe : collage, sticker, pochoir, mosaïque… Le débat fait rage dans le milieu pour savoir si ces artistes peuvent être considérés comme étant du mouvement.

N’utilisant pas de bombe, Shepard Fairey et Zhang Dali ne peuvent être considérés comme des graffeurs. Pourtant leur démarche est la même, inonder la ville de leurs signes de reconnaissance.

C’est grâce à eux que cet art ne se renferme pas sur le seul graffiti classique.

En France, c’est Space Invader (né en 1969 à Paris) qui remet en cause l’emploi de la bombe aérosol tout en poursuivant une logique d’invasion par la signature visuelle.

Il choisit l’iconique Space Invader issu du jeu vidéo éponyme qu’il réalise en mosaïque, sur les murs de sa ville natale en 1996. Et a fait depuis de la planète entière son musée.

Ce qui commence à s’appeler du Street Art plus que du graffiti prend une nouvelle ampleur, consolidant la pérennité d’un mouvement que certains donnaient déjà pour mort.

La nouvelle génération le renouvelle. Les sujets de société deviennent centraux et les interventions porteuses de messages forts.

UN ART CONTEXTUEL (2000) :

Le terme « STREET ART » apparaît assez tard. Il naît vers 2006. Nous sommes très loin de ce que certains ont appelé des agissements délinquants sans queue ni tête. Bien au contraire, ces artistes maîtrisent parfaitement leur démarche.

Au tournant des années 2000 de nouveaux intervenants créent leur propre typographie.

Ainsi en France, l’Atlas (né en 1978 à Toulouse) étudie la calligraphie. Tanc (né en 1979 à Paris) verse quant à lui dans l’écriture automatique à la bombe, en lien avec la musique.

Alors que le graffiti avait commencé par un travail d’écriture, la connexion entre graffiti et calligraphie du Proche-Orient fait son entrée dans le monde du Street Art. C’est en 2007 que le terme de Calligraffiti s’impose.

D’origine tunisienne, El seed (né en 1981 à Paris) nourrit un travail emblématique de cette rencontre entre la calligraphie arabe et le graffiti.

Son souhait, ouvrir le dialogue entre deux mondes. C’est une invitation à la tolérance et à l’échange.

Vous l’avez compris le Street Art est un Art qui appelle à la tolérance, le partage et l’échange qui a pour musée les rues du monde entier. Et en ce moment vous avez la possibilité de le découvrir à la Condition Publique de Roubaix. C’est la STREET GENERATION(S).