Kendrick place Lamar très haut

Cela fait maintenant trois ans qu’à peine le tiers de l’année passée, Kendrick Lamar s’approprie le titre de meilleur rappeur de l’année. En l’absence du Rap God qu’est Marshall Mathers III (Eminem pour les intimes) depuis 4 ans – voire plus si on observe une certaine pente descendante depuis l’album Relapse de… 2009 – le titre de meilleur rappeur (King of da Rap Game, bruh !) ne semblait pourtant pas joué d’avance. D’ailleurs, difficile de trouver un artiste vraiment capable de remporter ce titre haut la main. Seuls Drake et Kanye West semblaient se partager le “leadership”, jusqu’à l’arrivée du K-Dot.

B2K ? No !
Be two K as King Kendrick ? Yes !

En Mars 2015 sort le maintenant cultissime To Pimp A Butterfly, duquel on peut facilement sortir une palanquée de singles : King KuntaWesley’s TheoryThese WallsAlrightHow Much A Dollar Cost, le très cinglant The Blacker The Berry, et pour terminer The Mortal Man, dans lequel il sort un dialogue de plus de cinq minutes avec l’idole du rap décédée il y a bien longtemps, Tupac Shakur. Dialogue dont il égrène au fur et à mesure les dix premiers vers (la suite est disponible ici) :

I remember you was conflicted
Misusing your influence
Sometimes I did the same
Abusing my power, full of resentment
Resentment that turned into a deep depression
Found myself screaming in the hotel room
I didn’t wanna self destruct
The evils of Lucy was all around me
So I went running for answers
Until I came home

Sur des sons très puissants, alliant la plupart du temps soul, jazz et funk, avec un flow assez percutant et perturbant, Kendrick a sorti un album qui a époustouflé toutes les sphères du rap. Il reçoit deux trophées aux Grammys Awards pour le single I en 2015, et cinq pour l’ensemble de l’album en 2016, cérémonie au cours de laquelle il réalisera une performance montrant toute l’étendue de son talent :

 

Quasiment un an après le succès interplanétaire de son précédent album, le natif de Compton revient avec Untitled Unmastered, bien plus court (seulement huit pistes au programme), contenant des pistes sans nom mais datées, qui correspondraient à des maquettes de pistes destinées dans un premier temps pour TPAB. On se rend vite compte que les morceaux ne sont pas achevés. Ils ont énormément de potentiel, mais il manque un petit quelque chose, qui aurait pu donner des titres vraiment incroyables dans l’album précédent. Il continue d’ailleurs à jouer avec ces pistes. En prenant le texte principal du titre untitled8, il y ajoute un couplet d’untitled2, mixe la chose avec une batterie, une guitare, un piano, et on obtient le titre magnifique qu’il a présenté sur le plateau du The Tonight Show With Jimmy Fallon :

Vous l’aurez compris, ce n’est pas un album complet, il est donc difficile de le juger. Mais Kendrick est tellement partout qu’il est difficile de ne pas dire que l’année 2016 est son année – puisque je vous rappelle qu’il obtint 5 Grammys en 2016 !

 

Nous voici arrivés en 2017, an 3 après K.L. Le dernier album vient juste de sortir. DAMN., qu’il s’appelle. Zut, flûte, crotte, chier… Kendrick est sûrement un amoureux fou des Inconnus (pas sûr qu’il ait mis les pieds pour autant à Auteuil, Neuilly ou Passy). On retourne sur une production plus standard et complète, avec quatorze titres au programme. Trois featuring (Rihanna pour LOYALTY., U2 pour XXX., et le talentueux mais peu connu Zacari pour Love), un premier titre très calme, proche d’un esprit “Damon Albarnesque” et de Gorillaz, suivi d’un explosif DNA. qui s’offre un superbe clip avec la participation de l’acteur Don Cheadle. Un album encore une fois plein de contrastes. Il joue sur des effets de voix dans le sublime PRIDE., il affirme complètement son rôle de “Dieu du rap”, avec un magnifique clip dans lequel il prend des allures christiques dans une reproduction du tableau La Cène, contant le dernier repas de Jésus. Il adore obtenir des morceaux avec plusieurs ambiances, et le réussit avec classe. Malheureusement, on peut tout de même trouver l’ensemble globalement trop sobre, comparé à To Pimp A Butterfly qui est vraiment plusieurs niveaux au-dessus.

 

Est-ce déjà le début de la fin pour le prodige du rap américain, qui rentre d’ici une cinquantaine de jours dans la trentaine ? Ou simplement pour montrer que tout ne peut être parfait dans la vie, et qu’il faut un peu d’humilité dans un monde où tout tourne décidément trop vite ? Quoi qu’il en soit, et en attendant un possible neuvième album pour le retour du roi déchu, le meilleur (et c’est lui qui le dit) c’est bien le King Kunta :

♪ A.M. TO THE P.M., P.M. TO THE A.M. FUNK
PISS OUT YOUR PER DIEM YOU JUS GOTTA HATE EM, FUNK
IF I QUIT YOUR BM I STILL RIDE MERCEDES, FUNK
IF I QUIT THIS SEASON I STILL BE THE GREATEST, FUNK♪

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Guillaume R
Foot, humour, bière, potes, saucisson. Un bon résumé de ce qu'on attend de la vie. Je ne veux pas me prendre la tête, juste des cuites.