La Révolution Française – partie 4/4

                              “Faites vos jeux, rien ne va plus !”

Le 5 septembre 1793 : La Terreur est à l’ordre du jour

Jacques-René Herbert, homme politique et journaliste, ne cesse de réclamer des têtes. Il écrit dans son journal ” Le Père Duchesne” qu”il milite pour l’arrestation immédiate de tous les suspects. Robespierre l’exauce.

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Maximilien de Robespierre

Jacques-René Hebert

 

Le 17 septembre :  la Convention vote la loi des suspects

Elle permet l’arrestation de ceux qui « n’ayant rien fait contre la Liberté, n’ont rien fait pour elle ». Autant dire que tout le monde est menacé.

Petit secret : A force de se battre , on a besoin de métaux pour faire les balles. Comme il est également dans l’esprit du temps de massacrer tout ce qui vient de l’Ancien Régime, des révolutionnaires se rendent en 1793 à la basilique de Saint-Denis, nécropole des rois de France, afin de s’occuper des “cendres impures” des rois, et de récupérer le plomb de leur cercueils. Ainsi, les cercueils de Henri IV, Philippe III et Isabelle d’Aragon sont profanés.

Des représentants sont envoyés en province pour y faire appliquer les décisions prises par le Comité de salut public et faire régner la Terreur. Carrier va exceller en la matière :

La révolte des vendéens durant l’été a pris des proportions inquiétantes. Près de 10 000 détenus peuplent les prisons nantaises. En octobre, le député de la Convention Jean-Baptiste Carrier est envoyé par Paris pour mater les partisans de l’armée catholique et royale. Il fusille, guillotine mais surtout il noie. Entre 2.000 et 4.000 victimes de noyades et 3.OOO fusillés. Carrier commet ses crimes sans en référer au Comité de salut public ni à la Convention. Il est arrêté le 3 septembre 1794 et est guillotiné le 16 décembre 1794.

Illustration.

 

Le 5 octobre, la Convention adopte par décret un nouveau calendrier qui doit entrer en usage le lendemain, le 15 vendémiaire an II. Il s’agit simplement d’annuler le temps d’autrefois. Le nouveau jour de l’an est fixé au 22 septembre (Ier vendémiaire), le 21 septembre 1792 étant le dernier jour de la royauté. Comme calendrier est adopté un an après, il n’existe pas d’an I. Le nouveau calendrier conserve ses 12 mois mais chacun d’eux compte 30 jours. Les cinq jours manquant sont ajouté à la fin de l’année.

Procès et mort de Marie-Antoinette :

Après avoir été séparée de son fils, le 3 juillet, Marie-Antoinette, dite la veuve Capet, est transférée le 2 août à la Conciergerie jusqu’au 14 et 15 octobre 1793, jours de son procès. Elle se trouve devant le tribunal révolutionnaire que préside Martial Herman. Fouquier-Tinville est l’accusateur public. Marie-Antoinette est accusée d’avoir dilapidé le Trésor Public, fomenté la fuite à Varennes, correspondu avec l’ennemi… même si les accusations sont en partie vraie, les preuves manquent. Hébert va même jusqu’à accuser la reine de pratiques incestueuses avec le Dauphin ! Peu importe la ténacité de ses deux avocats, Chauveau-Lagarde et Tronçon du Coudray, après 20 heures d’audience, le tribunal révolutionnaire reconnaît l’ancienne reine de France coupable de trahison. Le procès était perdu d’avance, elle le savait.

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Marie-Antoinette est aussitôt reconduite à sa cellule afin d’écrire une dernière lettre à sa belle-sœur, Madame Élisabeth. A 11h, le 16 octobre, le bourreau Sanson lui attache les mains dans le dos, elle est vêtue d’une robe blanche et les épaules couvertes d’un fichu blanc avant de la mener à la charrette des condamnés. A midi, le convoi arrive place de la Révolution. “Ma fille, mes enfants ! Adieu ! Je vais rejoindre votre père”. A 12h15, la sentence est exécutée.

Petit secret : Origines de la Conciergerie : Ce fut un palais royal à Paris habité par Eudes Ier de France, Hugues Capet, Robert II Le Pieux… Sous le règne de Philippe Auguste au XIIe siècle, le palais prend le nom de Conciergerie en raison de son gouverneur que l’on nomme le Concierge et dont le rôle est d’assurer les fonctions de police et de justice de Paris. Sous le règne de Charles V, l’administration y est maintenue avec le parlement, la Chambre des comptes et la chancellerie. La prison occupait le rez-de-chaussée du bâtiment. Le 6 avril 1793, le Tribunal révolutionnaire s’installe au premier étage puis dans l’ancienne grand-chambre du parlement de Paris. tous les prisonniers détenus dans les prisons de Paris et de Province qui doivent comparaître devant le tribunal ont été progressivement transférés à la  Conciergerie. L’accusateur public, Fouquier-Tinville a aménagé ses bureaux au même étage.

 

31 octobre :

Jacques-Pierre Brissot (chef des Girondins), et 20 de ses complices furent condamnés à mort dont Pierre Victurnien Vergniaud (avocat et un des plus grands orateurs de la Révolution Française) élu en 1791, il fut nommé à la présidence de l’Assemblée puis de la Convention. Ce dernier avait lancé un appel à la révolte le 5 mai : “Hommes de la Gironde, levez-vous !” contre les factieux.

Vergniaud a refusé de fuir. Il est guillotiné avec ses camarades le 31 octobre 1793 à Paris.

Petit secret : Lors de la lecture de cette sentence, les accusés se levèrent furieux et criant au peuple : “A nous, mes amis ! Valazé s’est tué d’un coup de poignard”.

Petit secret : Charles Eleonor Dufriche-Valazé, avocat girondin, a préféré s’enfoncer un stylet dans le cœur après la lecture du verdict plutôt que de monter sur l’échafaud.

arrestation des girondins en 1793

Procès des Girondins

Madame Roland (salonnière, faisait partie des salons littéraires auxquels participaient les amateurs de beaux arts et de bel esprit pour le plaisir de la conversation), Olympe de Gouges (femme de lettres et pionnière du féminisme), Philippe Égalité (cousin du roi ayant voté la mort de ce dernier), Bailly ( ancien maire de Paris), Madame du Barry ( ancienne favorite de Louis XV) et bien d’autres encore sont arrêtés et guillotinés.

Les armées révolutionnaires sont enfin victorieuses. Puisque la République n’est plus menacée, la Terreur n’a plus raison d’être. Danton le pense mais Robespierre veut poursuivre sa dictature.

1794 :

Le 4 février, la Convention nationale déclare :” l’esclavage des nègres, dans toutes les colonies, est aboli”. Décret qui est loin d’être respecté partout et sera rétablit par le Premier consul Bonaparte en 1802.

Chute des grandes figures de la Révolution. La Grande Terreur :

Après la chute définitive des Girondins, la guillotine n’a pas cessé de trancher les têtes de tous ceux qui se sont opposés à la Montagne. Robespierre a le pouvoir entre les mains. L’incorruptible domine à la Convention. Artisan de la Terreur, il veut une justice “prompte, sévère et inflexible”.

Il veut détruire les factions : celle des “Exagérés” représentée par Herbert et ses complices Vincent, Ronsin et bien d’autres qui réclament plus d’arrestations, plus de d’exécutions et surtout une “déchristianisation” de la France, ce qui heurte Robespierre; puis celle des “Indulgents” dirigée par Danton qui est modérée et risque d’affaiblir les efforts de la Convention. Saint-Just, dénonce le 15 mars 1794, le “complot” des hébertistes contre la nation et la République. Le procès s’ouvre le 21 mars et est très vite expédié car les hébertistes sont guillotinés le 24 mars.

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Louis Antoine de Saint-Just

 

Georges Danton et son ami Camille Desmoulins (ami d’enfance de Robespierre), ​​ qui fait paraître depuis décembre 1793, un journal “le Vieux Cordelier” dans lequel il demande ouvertement que cesse la politique de la Terreur. Ils sont arrêtés le 30 mars. Robespierre les amène devant le tribunal révolutionnaire. Le procès débute le 2 avril mais connaissant le talent oratoire de Danton, les accusés sont écartés des débats. Leur sort est scellé d’avance. Ils sont condamnés à mort le 5 avril. Sur le chemin de la guillotine, la procession passe devant la maison Duplay où loge Robespierre. Danton lance : “Tu te caches Robespierre, mais tu vas me suivre !”

 Petit secret : Danton lance au bourreau : “Tu montreras ma tête au peuple, elle en vaut la peine”. En effet, il était célèbre pour sa laideur.

Petit secret : Camille Desmoulins écrit à sa femme, la veille de son exécution. “Adieu, ma Lucille, ma chère Lolotte ! J’avais rêvé une république que tout le monde eût adorée ! Je n’ai pu croire que les hommes fussent si féroces et si injustes ! Ma Lucille, mon bon Loulou, vis pour Horace, notre fils, parle- lui de moi, tu lui diras ce qu’il ne peut entendre, et que je l’aurais bien aimé !”

Petit secret : Lucile se retrouve sur l’échafaud une semaine après Camille. Lucille Desmoulins et la femme d’Herbert sont accusées d’avoir conspiré pour faire évader Danton. Elles sont guillotinées le 13 avril.

La famille Desmoulins

 

La fête de l’Être suprême : Robespierre impose l’instauration d’un nouveau culte, un Dieu de substitution. Il affirme que “l’idée de l’être suprême et de l’immortalité de l’âme est un rappel continuel à la justice ; elle est donc sociable et républicaine”. Robespierre est un fervent lecteur de Rousseau. Celui-ci critiquait la monarchie de droit divin et ses privilèges et souhaitait un nouveau modèle de société pour combattre les inégalités sociales. Rousseau a une influence considérable sur les hommes politiques pendant la Révolution.

Le 8 juin 1794, la fête de l’Être suprême est célébrée depuis les Tuileries jusqu’au Champ de Mars dans une démesure idécente. Robespierre, en qualité de président de la Convention en est l’officiant. Il s’est couvert de ridicule, ses ennemis s’apprêtent à prendre le devant de la scène.

Robespierre a réduit au silence les factions en les envoyant à l’échafaud mais la Terreur sévit toujours autant. Les prisons sont pleines et il assiste impuissant à un déferlement de violence. Il commet l’erreur de ne plus siéger à la Convention. Ses adversaires en profitent pour former une étrange coalition en réunissant des membres de différents partis tels que : le comité de sûreté, de salut public, d’anciens dantonistes…  Mais l’Incorruptible doit faire face à un groupe qui veut sa tête ; Collot d’Herbois et Billot-Varenne, Lecointre, Barras, Fréron, Talien… Le 9 thermidor (27 juillet), à peine Saint-Just commence t-il son discours que Tallien l’interrompt. Collot d’Herbois empêche Robespierre de prendre la parole. Le sort en est jeté. Le 10 thermidor (28 juillet),  la guillotine s’abat sur le cou de Robespierre et vingt de ses amis dont Saint-Just. Ainsi s’achève la Terreur.

 

Après la chute de Robespierre, la Convention change de visage comme les Comités de salut public. Le pouvoir passe aux mains de Jean-Lambert Tallien ( journaliste), Paul Barras ( homme politique), Louis Marie Stanislas Fréron (journaliste) et Jean-Jacques-Régis de Cambacérès ( jurisconsulte). Le club des Jacobins est fermé, les prisons s’ouvrent, le tribunal révolutionnaire est épuré et sur le plan militaire, l’embellie est spectaculaire.

1795 :

En mars, les députés Girondins sont réintégrés à l’Assemblée. Néanmoins, la situation économique est catastrophique. Les mauvaises récoltes du printemps ravivent la colère des sans-culottes et le 1er avril, une première insurrection déchaîne les environs. Le 20 mai, les émeutes sont extrêmement violentes et les sans-culottes réclament du pain et envahissent la Convention.

Le 7 mai, Fouquier-Tinville monte sur l’échafaud tout en répétant : ” Je n’ai pourtant fait qu’obéir aux ordres”.

Le 22 août, la Constitution de l’an III est adoptée par la Convention qui espère terminer la Révolution. Si les droits de l’Homme et du citoyen sont réaffirmés, on y ajoute des devoirs et le code civil est révisé. Les royalistes se préparent à l’affrontement. Une émeute éclate le 2 Vendémiaire ( 24 septembre), 25 000 royalistes menés par le général Danican se rassemblent le 12 Vendémiaire ( 4 octobre) près des Tuileries. Barras organise la défense des Tuileries et attend plusieurs hauts-gradés en attente d’affectation dont un jeune général : Bonaparte.

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/7c/Paul_Barras.jpg           Dumas Napoleon jeunesse

Paul Barras                                                                                                                        Napoléon Bonaparte

 

Le lendemain,le 13 Vendémiaire, alors que les royalistes progressent des deux côtés de la Seine, Bonaparte fait amener 40 pièces d’artilleries qu’il dispose autour de la Convention. Les insurgés sont rapidement dispersés et pour cause, c’est un massacre. 4OO morts en 45 minutes. Le “général Vendémiaire” a sauvé la Constitution qui s’apprête à mettre en place un nouveau pouvoir exécutif, le Directoire.

Le Directoire :

Les cinq directeurs du pouvoir exécutif prennent leurs fonctions : Paul Barras, Jean-François Reubell, Louis-Marie de La Réveillière-Lépeaux, Etienne-François Le tourneur et Lazare Carnot. La Convention se dissout pour céder la place aux deux assemblées législatives : le Conseil des Cinq-Cent et le Conseil des Anciens. A l’extérieur, la guerre continue contre l’Autriche, et à l’intérieur, les oppositions de droite et de gauche ne désarment pas ; et la situation économique est désastreuse. Les caisses de l’État sont vides mais cela n’empêche pas Barras de donner de somptueuses fêtes alors que la misère est partout en campagne.

Illustration.https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a4/Lazare-Carnot-par-Boilly.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

Le Tourneur

Carnot

 

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/0/0c/Louis-Marie_de_La_R%C3%A9velli%C3%A8re-L%C3%A9peaux_par_G%C3%A9rard.jpgJean Reubell député des districts de Colmar et Schelestat à l'Assemblée nationale de 1789.jpg

 

 

 

 

 

 

La Reveillière-Lepeaux

 

Reubell

 

Le Directoire dure 4 ans. Des conflits ont lieu avec des royalistes mais aussi avec des jacobins lors de la Conjuration des Égaux en 1796. Tentative de renversement du régime dû à l’exaspération sociale du coût de la vie.

Le 18 fructidor de l’an V (4 septembre 1797), trois des cinq directeurs : Reubell, La Réveillère- Lepeaux et Barras organisent un coup d’État lorsque les monarchistes deviennent majoritaires au Conseil des Cinq- Cent et au Conseil des Anciens d’une part et les Jacobins d’autre part. En 1799, un homme d’Église et politique nommé Emmanuel Joseph Sieyès devient directeur et fomente le coup d’État du 18 brumaire de l’an VIII (9 novembre 1799). C’est la fin du Directoire et le début du Consulat dont la personnalité principale est Napoléon Bonaparte.

Petit secret : Ce sont bien les révolutionnaires qui ont souhaité établir en France un enseignement laïc et gratuit pour les enfants. Les constituants avaient prévu une école primaire pour 1000 habitants, une école secondaire pour 300 000 et des écoles pour former instituteurs et professeurs. Ces lois ne furent appliquées que cent ans plus tard, sous le IIIe République.

 

Conclusion :

Il y a un peu plus de deux siècles, la Révolution française éclatait. Des millions de personnes souffrant de l’injustice imposée par une minorité qui les gouvernait, se sont soulevées contre un système totalement injuste. Des milliers de gens ont donné leur vie pour changer un système, pour exister, pour avoir des droits. Et aujourd’hui, nous jouissons de ces droits et de cette liberté tant convoitée : L’ école publique, le divorce, le drapeau tricolore, la Marseillaise, l’Assemblée nationale, la création des départements et la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.

Si la monarchie avait pris la tête du tiers état et en remis en cause les privilèges de la noblesse afin d’établir un équilibre entre les classes, elle aurait sans doute pu se sauver. Mais, pour Louis XVI, la chose était inenvisageable. En tant que souverain, son pouvoir lui avait été accordé par Dieu. Et ce pouvoir était absolu.

 

Sources :

  • Petit Larousse de l’Histoire de France
  • 1789 : La Révolution Française ( le livre)
  • 1789 : La Révolution Française (le film)
  • Sur les traces de la Révolution Française à Bordeaux
  • Magazine “Les grands procès de l’Histoire de France”
  • Magazine “Les grands mystères de l’Histoire de France”
  • Wikipédia
  • L’Histoire de France en 365 jours
  • Magazine ” ça m’intéresse” Histoire. Révolution en 1789, la France invente un nouveau monde
  • La France des Rois.
  • L’Histoire de France pour les Nuls