Anne Frank

“Il m’est absolument impossible de tout construire sur une base de mort, de misère et de confusion. Je vois comment le monde se transforme lentement en désert. J’entends le grondement du tonnerre qui approche et nous tuera nous aussi. Je ressens la souffrance de millions de personnes et pourtant, quand je regarde le ciel, je pense que tout finira par s’arranger, que cette brutalité aura une fin, que le calme et la paix reviendront régner sur le monde. En attendant je dois garder mes pensées à l’abri. Qui sait, peut-être trouveront-elles une application dans les temps à venir !” Anne Frank.

 

Contexte Seconde Guerre mondiale :

Lorsque l’Allemagne perd la Première Guerre mondiale, elle signe le traité (de paix) de Versailles, le 28 juin 1919, l’obligeant à céder des terres (La France récupère l’Alsace et la Lorraine) et à verser des sommes colossales aux principales nations alliées ( France, Grande-Bretagne, USA et Italie). Cela porte sérieusement atteinte à l’économie allemande. En 1929, une crise économique mondiale éclate ( le crash boursier), entraînant chômage et pauvreté. C’est alors que se développe le parti politique nazi, NSDAP, ( parti national-socialiste des travailleurs allemands) dirigé par Adolf Hitler. Ses partisans et lui-même vouent une véritable haine envers les Juifs. Ces derniers sont accusés de tous les problèmes du pays.

Le 3O janvier 1933, Hitler devient chancelier. Il entraîne le pays dans une dictature, emprisonnant les opposants politiques dans des camps de concentration. Les fonctionnaires et enseignants juifs sont licenciés, ce qui pousse la population juive à fuir le pays. Hitler et son parti veulent une Allemagne grande et puissante.

En 1936, ils envahissent la Rhénie (région située à l’ouest de l’Allemagne qui doit son nom au Rhin qui la traverse) afin de reprendre les terres perdues lors du traité.

Petit secret : Sicherheitsdienst (SD) est le service de renseignement et de maintien de l’ordre de la schutzstaffel ( SS).

Les nazis multiplient les persécutions et en 1938, dans la nuit du 9-10 novembre ( la nuit de cristal), des centaines de synagogues sont incendiées, des milliers de magasins juifs sont saccagés, une centaines de Juifs sont assassinés et plus de 30.000 Juifs sont emprisonnés dans des camps de concentration.

Le 1er septembre 1939, l’armée allemande envahit la Pologne, déclenchant le début de la Seconde Guerre Mondiale.

 

Origines des Frank :

Otto frank est né le 12 mai 1889 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne. Il sert dans l’armée allemande en tant qu’officier lors de la Première Guerre mondiale puis travaille dans la banque familiale jusqu’à ce qu’elle cesse ses activités au début des années 30.

Édith Hollander est née le 16 janvier 1900 à Aix-la-Chapelle. Elle est l’héritière d’une entreprise de ferraille.

Otto et Édith se rencontrent en 1924 et se marient en grande pompe le 12 mai 1925, jour de l’anniversaire d’Otto. Leur première fille, Margot, naît le 16 février 1926 et leur seconde fille, Anne, naît le 12 juin 1929. Toutes deux, sont nées à Francfort.

Conditions de vie : 

Quand Hitler et son parti prennent le pouvoir et que l’entreprise familiale ( banque) accuse les difficultés à cause de la crise économique, Otto et Édith Frank décident de quitter Francfort. Le frère d’Édith, Erich Elias, procure à Otto l’occasion de créer une entreprise aux Pays-Bas : Opekta, spécialisée dans le commerce d’un agent gélifiant pour la préparation des confitures. Margot et Anne sont hébergées chez leur grand-mère Holländer, à Aix-La-Chapelle pendant qu’Édith cherche un logement à Amsterdam. Des oncles et tantes de la famille sont déjà partis en Suisse, à Londres ou encore à Paris.

Espoirs d’une vie meilleure aux Pays-Bas :

Francfort, où elle se trouve

Décembre 1933, Margot arrive à Amsterdam et Anne en février 1934. Âgées de 7 et 4 ans, les 2 sœurs s’acclimatent à leurs nouvelles écoles et apprennent très vite le néerlandais. La famille est enfin réunie.

“La vie aux Pays-Bas, après les traumatismes de l’Allemagne nazie, était à nouveau notre  propre vie. Nous pouvions alors prendre un nouveau départ et nous sentir libres”. Otto Frank

Mais les affaires ne sont pas florissantes. Otto tente de créer en 1937, une entreprise en Grande-Bretagne, sans succès. En 1938, la famille est enregistrée au consulat américain de Rotterdam pour tenter d’émigrer aux USA.

“Otto ne revient que demain matin, depuis septembre il voyage constamment et se consacre entièrement à son entreprise anglaise dont le succès est encore bien incertain ; malheureusement la situation actuelle est loin de nous satisfaire, les affaires doivent reprendre, nous partirons peut-être encore. Nous réalisons que nous échappe, comme pour vous, et que nos rêves se tourneront vers Amsterdam. Par chance, nous sommes tous en bonne santé. Nous comptons, comme tout le monde, sur des jours meilleurs”. Edith Frank (lettre adressée à une amie à Buenos Aires).

La même année, Otto agrandit son entreprise malgré ses intentions de gagner les États-Unis. Il fait la connaissance de Hermann Van Pels qui s’est réfugié en 1937 avec sa famille. Ce dernier est expert en herbes aromatiques et épices pour viandes. Ensembles, ils lancent une deuxième entreprise : Pectacon.

Le 1O mai 1940, c’est au tour des Pays-Bas. Au bout de 5 jours de combats, les Pays-Bas capitulent devant l’Allemagne et les nazis prennent le pouvoir. Des centaines de Juifs ayant tout perdu se suicident.

A partir de 1940, les premières mesures antijuives entrent en vigueur aux Pays-Bas : tous les journaux juifs se voient interdit d’édition à l’exception du Hot Joodse Zeekblad, fondé après l’invasion allemande ; interdiction de nommer des Juifs dans le domaine de la politique et le fonctionnariat ; imposition pour tous les propriétaires Juifs de commerces ou d’entreprises, de déclarer leur bien.

10 janvier 1941, tous les Juifs, tout individu ayant au moins un grand-parent né juif, sont assignés à se faire déclarer.

Printemps 1941, Otto, comme tous les propriétaires juifs doit se présenter à l’occupant allemand et n’a plus le droit de posséder d’entreprise. Il remet donc la direction de OPEKTA entre les mains de son associé Johannes Kleiman plutôt qu’entre celles des allemands. Pour PECTACON, Otto crée une autre entreprise et nomme son adjoint Victor Kugler comme directeur et Jan Gies comme commissaire.

Après l’été 1941, tous les écoliers juifs vont dans des écoles séparées. Anne et Margot sont donc admises au lycée juif.

Automne 1941, les pancartes “interdit aux juifs” envahissent l’espace public : cinéma, parcs, bibliothèques des piscines, des champs de course et des hôtels et l’utilisation des transports publics, à moins d’être muni d’une dérogation spéciale. Interdiction de faire du sport en public ni le droit d’être membre d’un club de sport. Le couvre-feu leur est imposé de 20 heures à 6 heures le lendemain, et les achats dans les commerces ne leur sont permis qu’entre 15 heures et 17 heures. Anne n’a plus le droit de patiner.

A partir de 1941, avec l’aide de Nathan Strauss, un vieil ami de l’université qui vit à New-York, Otto met tout en œuvre pour émigrer aux Etats-Unis. Mais quand le Japon, allié des nazis, attaque Pearl Harbor à Hawaï, le 7 décembre 1941, l’Allemagne et les Etats-Unis entrent en guerre. Ainsi, la possibilité d’émigration échoue. Par crainte des rafles et des déportations, Otto et Edith aménagent une cachette. Ils y apportent des meubles via la maison de Johannes Kleiman, de la nourriture et tout le nécessaire pour y vivre.

“Je m’en souviens comme si c’était hier, la première rafle remonte à 1941, près de chez nous, certains de mes amis, tous jeunes, ont été déportés et au bout de 8 jours, on nous a annoncé leur mort, nous savions parfaitement qu’ils avaient été tués”. Otto Frank

A partir de mai 1942, tous les Juifs de plus de 6 ans doivent porter l’étoile jaune où est écrit “JUIF”.

Nouvelle vie de clandestins : du 09/07/1942 au 04/08/1944

Le mercredi 8 juillet, la famille Frank reçoit une convocation des SS pour Margot. Elle doit se présenter pour aller travailler en Allemagne. Cet événement bouleverse les plans de la famille et les oblige à écourter leur départ. Édith informe M.Van Pels de la situation. La famille Frank peut compter sur les employés d’ Otto ( M.Kugler, M.Kleiman, Miep Gies et Bep Voskuijl)  qui les aident à transporter, depuis des mois, autant de choses que possible afin d’organiser la cachette et la cohabitation des deux familles. En tout, sept personnes.

Anne met dans son cartable, son cahier cartonné, des bigoudis, des mouchoirs, ds livres de classe, un peigne, des vieilles lettres.

C’est la dernière nuit chez eux.

Édith réveille Anne à 5h3O et lui demande d’enfiler le plus de vêtements possible sur elle car il leur est impossible de se promener avec une valise dans la rue. Anne a mis 2 chemises, 3 culottes, 1 robe, 1 veste, 1 manteau d’été, 2 paires de bas, des chaussures d’hiver, 1 bonnet, 1 écharpe et bien d’autres choses encore. C’était étouffant ! Margot a bourré son cartable de livres de classe, a pris son vélo et a suivi Miep jusqu’à la cachette.

A 7h30, la famille ferme la porte de leur maison, définitivement.

Heureusement, il pleut ce jour là ; les soldats allemands ont déserté les rues. Anne, à regret, doit abandonner son chat Moortje. La maison est laissée en désordre souhaitant faire croire à une fuite. Édith laisse en évidence, une adresse à Maastricht dans l’espoir qu’on les imagine là-bas. La cachette se situe au 263 Prinsengracht, à 45 mn à pied, dans l’arrière-maison de l’entreprise d’ Otto Frank.

L’immeuble de gauche est occupé par un atelier de menuiserie. Les employés partent dès leurs postes terminés mais les bruits pourraient traverser les murs.

Miep se dépêche d’accompagner toute la famille dans l’Annexe, leur nouveau “chez-eux”. Édith et Margot, exténuées, se reposent pendant qu’ Otto et Anne rangent tous les cartons entassés, améliorent le camouflage des fenêtres en cousant des bouts de tissu en guise de rideaux, tenus par des punaises, et font le ménage.

Ayant reçu un journal pour son anniversaire, Anne décide de l’appeler “Kitty”, son amie imaginaire à qui elle pourra tout confier.

Grâce à Otto qui avait envoyé toute la collection de cartes postales et de stars de cinéma d’Anne, cette dernière peut décorer sa chambre afin de se créer un semblant de son ancienne vie. Pour s’occuper, il y a la lecture, les jeux de société et le dénoyautage de deux paniers de cerises pour la firme. M.Kugler en fera des conserves. Il est interdit de regarder par la fenêtre et de sortir,  et la journée la famille est constamment obligée de marcher sur la pointe des pieds et de parler tout bas afin d’éviter d’être entendue par l’entrepôt. Dès le premier mois, Anne n’a pas trop le moral. L’ennui, les privations et les tensions familiales avec sa mère et sa sœur se font déjà sentir.

Vie en communauté avec la famille Van Pels :

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Les Van Pels arrivent le 13 juillet au lieu du 14 à cause de l’affolement crée par les Allemands qui envoient des convocations de tous les côtés. L’accueil est convivial et chaleureux.

Vendredi 21 août, M.Kugler a jugé plus prudent d’installer une bibliothèque pivotante devant la porte d’entrée de l’Annexe parce qu’il y a de nombreuses perquisitions à la recherche de vélos cachés. C’est M.Voskuijl qui se charge de la fabriquer.

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Les relations entre Anne et M.Van Pels sont tendues, il trouve Anne insolente ; l’infantilisation d’Édith envers Anne insupporte l’adolescente et la paresse de Peter l’agace. Heureusement, Otto comprend les difficultés de sa fille et sait comment l’apaiser. De plus,  M.Kleiman apporte à Anne, chaque semaine, quelques livres pour jeunes filles, la série Joop ter heul. Enfin, les devoirs ont commencé, en prévision d’une rentrée un jour, avec les cours de français et de néerlandais.

Concernant l’hygiène et le nombre de personnes dans l’Annexe, les clandestins s’organisent afin de préserver au mieux leur intimité. N’ayant pas de baignoire, tout le monde doit se laver dans un baquet. Peter prend son bain dans la cuisine ; M.Van Pels, tout en haut ; Otto, dans son bureau privé ; Édith, dans la cuisine derrière un écran de cheminée ; Margot, dans le bureau de devant et Anne, dans les grandes toilettes du bureau.

Dès la fin septembre, Anne exprime sa terreur dans son journal. L’angoisse de ne plus jamais sortir, celle d’être découverte puis fusillée. Des aléas surviennent aussi : un plombier est venu déplacer les tuyaux d’alimentation et d’écoulement des toilettes du bureau. Les clandestins ont dû éviter de faire couler de l’eau, ont dû faire leurs besoins dans des bocaux et les conserver toute la journée, et rester sans parler ni bouger.

Le 29 septembre, c’est l’anniversaire de Mme Van Pels. Elle a droit à une “petite fête “. Cela met du baume au cœur de tout le monde dans ce quotidien morose. De plus, Bep a commandé par correspondance, des cours de sténographie pour Margot, Anne et Peter.

Début octobre, Miep informe les clandestins que la gestapo fait transporter de nombreux juifs à Westerbork, camp de transit pour Juif. Les gens meurent de faim et de soif, les conditions d’hygiène sont déplorables, les femmes et les enfants ont la tête rasée. La radio anglaise parle d’asphyxie par le gaz.

Début novembre, M.Van Pels annonce que que les Anglais ont débarqué à Alger, Tunis, Casablanca et Oran. Churchill s’exprime : “ce débarquement est un fait décisif, mais il ne faut pas croire que c’est le commencement de la fin. Je dirai plutôt que cela signifie la fin du commencement”.

Vie en communauté avec un nouveau clandestin : Fritz Pfeffer :

Description de cette image, également commentée ci-après

C’est le mardi 17 novembre que ce dentiste à la réputation d’être calme et bien élevé fait son entrée à l’Annexe. Malheureusement, Anne devra partager sa chambre avec lui et Margot ira dormir dans la chambre de ses parents.

Dehors, en journée, des enfants rentrent de l’école et ne trouvant plus leurs parents, abandonnés à leur propre sort dans la rue, quémandant du pain aux passants. Des femmes revenant des courses, trouvent leur maison scellée, leur famille disparue. Les chrétiens néerlandais sont eux aussi angoissés de voir leurs fils envoyés en Allemagne.

Soir après soir, le clandestins sont témoins de l’inhumanité dont souffrent des milliers de personnes dans la rue. Des colonnes de gens se succèdent le soir, des femmes, des enfants pleurent, des femmes enceintes, des vieillards des bébés et des malades se dirigeant vers la mort. La culpabilité ronge Anne de part son impuissance face à l’horreur et de part sa situation “confortable”comparée à toute la misère dont elle est témoin.

Les tensions et frictions au sein de l’Annexe sont ancrées dans le quotidien. La promiscuité, l’impossibilité de prendre l’air, le manque d’activité, d’intimité et les différents caractères… Anne est une adolescente pleine de vie, ambitieuse et qui sait ce qu’elle veut. Adulte, elle veut mener une carrière d’écrivaine en plus de devenir maman afin d’être une femme complète. Anne a toujours eu des relations très compliquées avec sa mère qu’elle aime mais aussi qu’elle méprise car cette dernière représente tout ce qu’Anne dédaigne. Elle a de l’affection pour sa sœur mais ne parvient pas à se confier à elle. Néanmoins, Anne ressent une forte affection pour son père qu’elle aime par dessus tout parce qu’elle se sent comprise et qu’il incarne la gentillesse même.

“Si Dieu me laisse vivre, j’irai plus loin que Maman n’est jamais allée, je ne resterai pas insignifiante, je travaillerai dans le monde et pour les gens”. Anne Frank

La cohabitation entre M.Pfeffer et Anne est très compliquée : Anne a besoin d’évacuer ses sentiments dans son journal et M.Pfeffer a besoin de travailler sur ses dossiers patients pour garder un semblant de vie professionnelle. Un petit bureau est placé dans leur chambre afin que chacun puisse avoir du temps pour se consacrer à ses activités mais M.Pfeffer ne comprend pas les besoins d’une adolescente avec un journal intime. !la jeune fille a beaucoup de mal à trouver sa place et se sent victime des réflexions de la part des clandestins sur son attitude rebelle et insolente.

La chambre d\'Anne Frank

“Laissez-moi tranquille, laissez-moi enfin dormir une nuit sans tremper mon oreiller de larmes, sans que les yeux me brûlent et que la migraine ne me martèle la tête”. Anne Frank

Heureusement, il y aussi de bons moments comme la fête de la Saint-Nicolas, organisée par Bep et Miep. Les protecteurs et clandestins se sont fait de petits cadeaux et écrits des poèmes.

Début 1943, des évêques néerlandais appellent à la lutte : “Néerlandais, ne restez-pas immobiles, que chacun lutte avec ses propres armes pour la liberté du pays, de son peuple et de sa foi !”.

Des centaines d’avions survolent les Pays-Bas pour bombarder l’Allemagne et les coups de feu, mitrailleuses et canons, sont tellement bruyants et angoissants qu’Anne se réfugie dans le lit de son père presque toutes les nuits.

Les nouvelles occupations de l’Annexe : remplir des sachets de jus de viande en poudre. M.Kugler ne trouve plus de remplisseurs et les clandestins sont moins chers.

Chacun fait des plans sur la comète pour après la guerre : Margot, à l’instant présent aimerait se plonger dans un bon bain chaud, ainsi que Mme Van Pels, mais pour l’avenir elle souhaite devenir puéricultrice en Palestine ;  M.Pfeffer, retrouver sa moitié “Charlotte” ;  Édith, boire une bonne tasse de café ; Otto, rendre visite aux Voskuijl (M. a un cancer de l’estomac) ; et Anne, une vraie maison, la liberté, retrouver l’école et passer 1 an à Paris et 1 an à Londres pour parler les langues et étudier l’Histoire de l’art.

“Après la guerre, je veux écrire un livre intitulé l’Annexe, reste à savoir si j’y arriverai, mais mon journal pourra servir”. Anne Frank

Description d’une journée :

21h : tout le monde organise le coucher : déplacement des chaises, retournement de la literie et pliage des couvertures.

21h/21h30 : après Peter Anne fait sa toilette, se lave les dents, se boucle les cheveux et se fait les ongles. Elle dort sur un divan de moins d’1,50 ; les chaises servent de rallonges de lit. Margot dort sur un lit accordéon.

22h : les fenêtres sont calfeutrées, tout le monde ou presque est couché.

23h30 : M.Pfeffer revient de son travail nocturne dans le bureau de M.Kugler.

Vers 3h : Anne se soulage dans une boîte en fer située sous son lit. Un clandestin guette les bruits de la nuit pour savoir si un voleur s’est introduit dans le bâtiment.

6h45 : le réveille sonne . Les Van Pels se lèvent et vont à la salle de bain.

7h15 : c’est au tour de M.Pfeffer d’aller à la salle de bain.

8h20 : en vitesse, brossage de cheveux, remise en place du lit, M.et Mme Van Pels mettent leurs chaussons.

8h30 : tout le monde doit être dans le séjour. Plus une goutte d’eau, plus question d’aller aux toilettes, plus un pas, le silence total. Quand le personnel du bureau n’est pas encore arrivé, on entend tout à l’entrepôt. Tout le monde lit, étudie ou tricote selon ses envies.

9h : petit déjeuner.

12h30 : tout le monde respire. Les magasiniers sont rentrés chez eux ; Mme Van Pels fait du ménage, aidée par Édith ; Margot va étudier avec M.Pfeffer ; Otto s’installe dans un coin pour lire Dickens et Anne redonne un peu d’allure à la salle de bain ainsi qu’à elle-même.

13h : tout le monde écoute religieusement la BBC.

13h15 : une tasse de soupe et parfois un dessert. Moment de partage avec les protecteurs.

13h45 : Margot et Édith font la vaisselle, les parents Van Pels se posent sur le divan ainsi qu’ Otto et M.Pfeffer, sur le sien et Peter est au grenier et Anne étudie.

16h : Anne laisse le bureau à M.Pfeffer.

17h30 : Bep prend les doléances de tout le monde (nourriture, livres…).

17h45 : chacun vaque à ses occupations ; Anne descend deux étages pour aller dans la remise à charbon pour ouvrir la trappe à souris de Mouschi (le chat de l’Annexe) ; M.Van Pels ouvre le courrier du jour ; Peter va chercher la clef de l’entrepôt et son chat Moffi ; Otto transporte les machines à écrire en haut ; Margot s’isole pour travailler ; Mme Van Pels met la bouilloire sur le feu et Édith descend l’escalier avec les pommes de terre.

Vers 19/20h : c’est l’heure de dîner.

“C’est surtout le dimanche que je me sens malheureuse. Ces jours-là, l’atmosphère dans la maison est oppressante, somnolente et pesante, dehors, on n’entend pas un seul chat d’oiseau, un silence mortel, angoissant, s’abat sur tout et son poids s’accroche à moi comme pour m’entraîner dans les profondeurs d’un monde souterrain”. Anne Frank

Pour la première fois de sa vie, Anne reçoit un cadeau de Noël et Miep a confectionné un gâteau sur le quel est écrit : Paix en 1944.

Dès 1944, Anne, 15 ans, commence à changer et physiquement et mentalement. Elle remarque les changements physiques de son corps, ses désirs de jeunes fille, elle commence à s’intéresser à Peter avec qui elle aborde des discussions sur la sexualité, et n’a plus la même admiration pour son père. Elle apprécie les Van Pels et s’avoue avoir eu pendant très longtemps un comportement enfantin. Grâce à Peter, Anne apprécie son quotidien dans l’Annexe. Ils regardent le ciel depuis le grenier et s’embrassent pour la première fois.

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Les conditions de vie à l’Annexe ainsi que pour les civils se durcissent. Les rations de la semaine suffisent à peine pour 2 jours. Il y a des actions de sabotage contre les autorités en réaction à une mauvaise nourriture et des mesures de plus en plus sévères contre la population. De plus, cette dernière souffre d’une pénurie de charbon depuis plus d’un mois.

Anne se réfugie dans la religion pour supporter les angoisses du quotidien. Peurs des bombardements, des cambriolages dans l’Annexe qui risquent de les faire démasquer. L’espoir de la fin de cette guerre avec le débarquement du 6 juin, l’espoir d’un retour à la normale en retournant sur les bans de l’école.

Arrestation des clandestins : vendredi 4 août

Il est presque 10h30, Otto donne une leçon d’anglais à Peter. Soudain, l’escalier retentit de pas lourds. Un policier néerlandais pointant son pistolet, fait irruption dans la chambre de Peter. Peter et Otto sont fouillés, puis mains sur la tête, le policier leur fait descendre l’escalier.

A l’étage du dessous, les Van Pels se tiennent aussi les mains en l’air, tenus joue, par un autre policier en civil. Ensemble, ils descendent chez les Frank. Édith, Margot, Anne et M.Kugler sont tenue en joue par un officier en uniforme : le sergent SS Karl Joseph Silberbauer dirige l’opération. “Où se trouvent vos objets de valeur” ? vocifère t-il en allemand. Les clandestins donnent alors bijoux et argent. “Faites vos bagages et revenez dans 5 mn”. Les clandestins s’exécutent.

Silberbauer découvre le coffre de soldat d’ Otto où est écrit : lieutenant de réserve. Otto Frank. Il demande à Otto d’où tient- il ce coffre, ce à quoi Otto explique qu’il lui appartient car il était officier durant la guerre. Silberbauer, interloqué, demande à Otto pourquoi, ne s’est- il pas fait connaître car il aurait été épargné et envoyé à Théresiensdadt, un camp de concentration. Otto ne répond pas. “Prenez votre temps”, dit il en changeant de ton.

Otto explique qu’ils vivent à l’Annexe depuis plus de deux ans. Silberbauer est sidéré. Pour preuve, Otto demande à Anne de se placer devant les marques sur la tapisserie qui montrent combien elle a grandi.

Pour la première fois, depuis plus de deux ans passés à l’Annexe, Anne sort de sa cachette, elle est à l’air libre. Chacun leur tour, les huit clandestins montent dans un camion qui les conduit au Bureau du Service du contre espionnage des SS, où ils vont être interrogés à la Maison de détention de Wéteringschans .

Le mardi 8 août , les clandestins sont conduits avec 80 autres détenus à la Gare centrale d’Amsterdam où ils sont déportés au camp de transit de Westerbork, dans la province de Drenthe aux Pays-Bas.

“Nous avons fait le trajet dans un vrai wagon de voyageurs. On verrouilla la portière, mais que nous importait…Anne ne pouvait s’écarter de la fenêtre. C’était l’été ; on voyait des prés et des champs où la moisson venait d’être faite. Des villages passèrent devant nos yeux comme des éclairs. Les fils de téléphone, près de voie ferrée, se balançaient le long des fenêtres. Nous avions le sentiment d’être libres”. Otto Frank

Camp de Westerbork : 08/08/1944 au 03/09/1944

Petit secret : Il aurait été fondé en 1939 par le gouvernement néerlandais comme camp de détention dans une zone rurale reculée du pays pour accueillir moins de 2000 réfugiés Juifs qui avaient fui l’Allemagne.

Quatre heures plus tard, les clandestins arrivent au camp. Ils sont enregistrés et emprisonnés dans la baraque disciplinaire ( section hommes et section femmes) pour les Juifs ne s’étant pas rendus volontairement. Ces baraques se trouvent dans une autre partie du camp, séparées par du fil barbelé. Les prisonniers de cette section sont traités plus sévèrement que les autres. Ils doivent donner leurs vêtements et reçoivent une combinaison bleue comportant des pièces rouges à l’épaule et une étoile jaune sur laquelle est cousue ” JUIF”. Pas de chaussures mais des sabots. Les hommes sont tondus et portent une casquette.

Les détenus de la section disciplinaire doivent se lever à 5h30 et sont amenés à leur travail par le “service d’ordre”, composé de prisonniers désignés gardiens. Dans une grande baraque, Édith, Margot, Anne et Auguste Van Pels ainsi que d’autres prisonniers doivent démonter des piles et placer les différentes pièces dans des paniers. C’est un travail très salissant car les piles contiennent une tige de carbone qui déteint et noircie les mains et le visage. Les prisonniers travaillent chaque jour de 7h à 12h avec une pause de 20 minutes. A midi, accompagnés du “service d’ordre”; les prisonniers retournent à leur baraque pour le déjeuner. A 13h30, ils retournent à la baraque de travail où ils travaillent de 14h à 19h avec une autre pause de 2O minutes. Après un maigre repas à base de pain, les prisonniers ont quartier libre. Le dimanche, lever à 5h, les hommes sont envoyés à l’exercice de 5h45 à 8h tandis que les femmes font de la gym. Le reste du dimanche est “libre”.

“Au camp, nous devions travailler, mais le soir nous étions libres et nous pouvions nous rencontrer. Pour les enfants surtout, c’était un véritable soulagement de ne plus être enfermés et de pouvoir parler aux autres. Mais pour nous, les adultes, nous craignions d’être déportés dans les camps tristement connus de Pologne”. Otto Frank

Le 2 septembre, le “Service d’ordre” annonce que le lendemain, 1000 personnes seront déportées dans l’Est. Tous les prisonniers de la section disciplinaire, à quelques exceptions, sont déportés. Le lendemain matin, un long train de marchandises les attend. Les prisonniers rendent leur combinaison bleue et récupèrent leurs vêtements. Dans chaque wagon, on enferme 75 prisonniers avec un baril d’eau et un autre vide qui fait office de toilettes. Par chance, les Frank parviennent à se rassembler dans un wagon.

Le dernier train quitte westerbork pour Auschwitz le 3 septembre 1944.

Camp de Auschwitz-Birkenau : nuit du 5-6/09/1944 au 01/11/1944

Auschwitz Birkenau : plan général du camp

Mexique : C’’est dans ce camp que les détenus attendent d’être envoyés dans un camp de travail du Reich. Comme ils ne doivent pas rester dans le camp, ils ne sont pas immatriculés. Mais les conditions de survie sont identiques à celles du camp des femmes ou des Tziganes : manque total d’’installations sanitaires et d’eau, de nourriture, de vêtements et de couvertures. La mortalité devient rapidement effrayante. Les SS finissent par distribuer des couvertures tirées du Kanada, qui servent de vêtements aux détenus. Comme ceux-ci errent dans le camp, vêtus de ces couvertures de toutes les couleurs, le camp prend dans le jargon des détenus le nom de “Mexique “.

Kanada : c’est le dépôt de tous les effets (objets de valeur ou effets quotidiens) pris aux détenus. Directement amenés de la rampe ou des chambres de déshabillage, ces effets sont triés, emballés et expédiés dans le Reich. Les détenus de ce kommado le nomment « Kanada », car le Canada est pour eux symbole de richesse et de bien être.

“Plus de 1OO par wagons au lieu de 60. Au milieu du wagon, il y avait un baril d’eau pour boire et, dans le fond, un autre vide pour les besoins naturels. Nous avons tendu une couverture pour l’isoler mais nous entendions tout de même les bruits. Et l’odeur est vite devenue suffocante. Quand le train s’est mis en marche, le baril d’eau était déjà vide. L’autre en revanche a rapidement été plein et s’est mis à déborder. La nuit, nous restions assis, les jambes repliées. Si quelqu’un voulait s’allonger, il fallait qu’un autre se lève. Des personnes sont mortes très rapidement et les autres poussaient les cadavres dans le fond du wagon. J’ai vu une mère qui n’avait plus de lait pour nourrir son nourrisson, humecter les lèvres de son bébé avec sa salive”. Sarah Lichtstztejn (rescapée).

Dans le train qui les amène à Auschwitz, Anne et Margot restent assises entre excréments et urines pendant une semaine. Pas de nourriture, pas de lumière et une puanteur abominable. A leur arrivée au camp, elles sont de véritables déchets.

Les portes coulissantes du wagon s’ouvrent. Lumières vives, prisonniers en costumes rayés, matraques à la main et des gardes accompagnés de chiens.

“Aussteign, schnell, Schneller !”

Les haut-parleurs hurlent des ordres : “Laissez tous vos bagages. Les femmes d’un côté, les homme de l’autre”.

“Il y a tant de choses dont je ne peux pas encore parler. Et tant d’autres, dont je ne veux plus rien dire. Sur ce qui m’a traversé l’esprit quand on nous a extirpés de notre cachette à Amsterdam, ou quand à Auschwitz, sur le quai, on m’a arraché à ma famille”. Otto Frank

Les médecins nazis examinent les nouveaux prisonniers un par un et décident de leur vie ou de leur mort. Les hommes et les femmes capables de travailler sont envoyés d’un côté. Les vieux, les trop jeunes, les malades, les mères accompagnées d’enfants de moins de 15 ans et les femmes enceintes sont envoyés dans les chambres à gaz.

Édith, Margot et Anne sont sélectionnées pour le travail. Dans un premier temps, elles se présentent par ordre alphabétique et attendent qu’on les appelle. Ensuite on leur ordonne de donner leurs vêtements et de prendre place dans la file d’attente pour les douches, entièrement nues. Après l’enregistrement, on leur tatoue un numéro sur le bras à l’aide d’un stylo pointu. Leurs cheveux sont tondus puis elles se douchent. Les tenues des prisonnières étant épuisées, on leur jette au hasard des vêtements civils. Robes légères d’été ou robes en laine d’hiver. Quand aux chaussures, il faut s’estimer heureux d’avoir une paire.

 

Petit secret : la prisonnière porte un triangle sur son bras gauche. Les nazis avaient un système de symboles d’étiquetage des prisonniers permettant d’identifier la cause leur incarcération. (voir système marquage nazi).

Le jour s’est levé et les prisonnières sont emmenées à leur baraque, en rang par 5. Chaque baraque est prévue pour 700 femmes. Les journées sont rythmées par les appels qui ont lieu trois fois par jour, été comme hiver, en rang devant leur baraque et peuvent durer des heures. Le travail des prisonnières consiste à déplacer des briques et des mottes de terre. Elles sont épuisées et ont à peine de quoi se nourrir : une vague soupe aux choux et un peu de pain. Les conditions sanitaires sont exécrables, les “sélections” s’enchaînent ( les aptes au travail et les inaptes aux chambres à gaz). Anne et Margot attrapent la gale, maladie de peau très contagieuse, et sont placées en baraque d’isolement. Édith fait de son mieux pour rassembler quelques rations supplémentaires.

Il y a aussi un autre type de sélections. Fin octobre 1944, les médecins nazis sélectionnent des prisonnières qui sont aptes au travail forcé en Allemagne nazie. Malades et fortement affaiblies, Margot et Anne sont malgré tout sélectionnées ainsi que Auguste Van Pels. Pas Édith.

Le 1er novembre, un train de marchandises transporte un millier de femmes de Auschwitz -Birkenau à proximité du camp de Bergen-Belsen.

Camp de Bergen-Belsen : 3/11/1944…

Bergen-Belsen sur la carte des camps

Au bout de 2 jours éreintants, les prisonnières terminent les 6 derniers kilomètres à pied. Malgré l’humidité et le froid automnal, elles sont installées dans des tentes qui seront démolies quelques jours plus tard dans une tempête. Les prisonnières sont donc envoyées dans des baraques. Auguste Van Pels apprend par hasard que Hannah Goslar, une camarade de classe de Anne, se trouve dans le camp mais dans une autre section. Anne explique à son amie que les conditions de vie sont atroces :

“Nous n’avons absolument rien à manger ici, presque rien, il fait un froid épouvantable et nous n’avons presque pas de vêtements, je suis squelettique et tondue”. Anne Frank

Hannah est prisonnière au camp de l’Étoile, où les conditions sont moins dures que les autres sections car les nazis souhaitent échanger ces détenus contre des prisonniers de guerre allemands. Dans cette section, il arrive même que les détenus reçoivent des colis de la Croix-Rouge. Hannah recueille un peu de nourriture pour Anne, en fait un baluchon mais le colis est volé par une prisonnière. Plus tard, Hannah réitérera et Anne recevra le colis. La mère d’une amie de Margot fait de même avec une vieille robe, du pain et savon pour les deux sœurs. Margot est trop faible pour venir jusqu’à la clôture, elle souffre tu typhus, maladie transmise par les poux. L’infection gagne aussi Anne.

Rachel Van Amerongen-Frankfoofer, détenue dans la même section que Margot et Anne, raconte : “leur visage était émacié, elles n’avaient que la peau sur les os. Elles grelottaient. Leur châlit était le plus mal placé, près de la porte qui s’ouvrait constamment. On les entendait crier : “Fermez la porte !” mais chaque jour leurs voix faiblissaient. Anne et Margot agonisaient comme beaucoup d’autres”.

Margot succombe à la maladie en février 1945, Anne décède peu de temps après.

 

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“Je dois avoir une chose à laquelle me consacrer, en plus de mon mari et de mes enfants ! Oui, je ne veux pas comme la plupart des gens, avoir vécu pour rien. Je veux être utile ou agréable aux gens qui vivent autour de moi et qui ne me connaissent pourtant pas. Je veux continuer à vivre après ma mort”. Anne Frank.

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Otto Frank décède le 19 août 1980, à l’âge de 91 ans, en Suisse.

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Sources :

  • le journal d’Anne Frank
  • Livre : Anne Frank
  • Documentaire Netfix : Anne Frank/vies parrallèles
  • Livre : Traces de l’enfer
  • BS Encyclopédie. Auschwitz, camp de concentration nazi
  • Wikipédia
  • Film : Le journal d’Anne Frank
  • Mémorial de la Shoah